Une pièce fondamentale aurait pu aider les enquêteurs à comprendre avec plus de détails encore l'interpellation de Cédric Chouviat. Le 3 janvier 2020, l'un des quatre policiers présents, le stagiaire Ludovic F., est porteur d'une caméra-piéton. Pourtant, il n'en fera pas usage, même lors des échanges les plus houleux avec le chauffeur-livreur, pour des raisons qui interrogent. En garde à vue, le policier de 23 ans justifie : «Le temps que je branche ma caméra aurait nécessité que je quitte des yeux le contrôle qui se déroulait et je voulais rester attentif à la situation.» Etrange raisonnement. Parmi les objectifs des caméras-piétons, la loi du 3 juin 2016 énonce cette priorité claire : «La prévention des incidents au cours des interventions.» En d'autres termes, il n'y a pas de meilleure occasion qu'un contrôle qui tourne mal, typiquement celui du 3 janvier quai Branly, pour déclencher le petit œil fixé sur l'uniforme des policiers, au niveau du torse ou de l'épaule… Toutefois, l'utilisation de la caméra est laissée à l'appréciation du fonctionnaire : aucune sanction n'est prévue en cas de non-activation.
Ubuesque
Les enquêteurs de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) peinent à comprendre le raisonnement de Ludovic F. Car s'il ne filme pas, le jeune policier pointe tout de même sa caméra administrative vers Cédric Chouviat, comme s'il voulait l'intimider. «J'ai fait mine de le filmer d'une manière dissuasive,