A Nantes, après le choc de l'incendie et les débuts de l'enquête judiciaire vient le temps de la réflexion sur la restauration de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Le ministère de la Culture a présenté mercredi un premier état des lieux des dégâts sur le bâtiment et sur les œuvres. La façade ouest de l'édifice, qui ouvre sur le parvis, est la plus touchée. «Le feu a créé un effet d'éclatement de la pierre, qui est devenue instable», précise Valérie Gaudard, conservatrice régionale des monuments historiques à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) des Pays-de-la-Loire. Sur cette façade, mais aussi à l'intérieur du bâtiment, une première phase immédiate d'intervention consiste en une sécurisation pour soutenir les éléments du bâti et retenir des chutes d'éléments de construction. Tout l'été, douze experts interviendront pour effectuer les diagnostics des pertes et des éléments fragilisés sur la structure et sur les œuvres, dont un expert pour les sculptures, le verre, et bien sûr un expert en orgue, Roland Galtier, technicien conseil auprès du ministère de la Culture. Le grand orgue de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, construit il y a plus de quatre cents ans, est en effet la pièce majeure perdue dans les flammes.
Les mois qui viennent permettront de donner des axes à la reconstruction de la cathédrale. Concernant les œuvres, certaines seront restaurées, l'orgue remplacé. Pour d'autres, la question n'est pas tranchée. «Nous sommes en cours de récolte des fragments des vitraux, indique Pascal Prunet, architecte en chef des monuments historiques. Cette verrière est déjà partiellement d'origine et nous interrogerons la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture et l'Inspection générale des monuments historiques pour voir si l'on envisage une restauration ou si l'on sollicite le ministère de la Culture pour lancer une commande publique en direction d'artistes.»
Ce n'est qu'à la fin de cette phase que le programme des travaux sera défini. Interrogé sur le budget de la restauration de la cathédrale, Philippe Barbat, directeur général du patrimoine au ministère de la Culture, ne s'avance pas : «L'expertise qui sera portée sur l'étendue des dégâts sur les parties atteintes par le feu et par l'eau permettra de le dire dans les mois à venir.» L'Etat a annoncé, par la voix de Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, qu'il prendra à sa charge la restauration de la cathédrale. La Fondation du patrimoine a lancé un appel au soutien des particuliers (un peu plus de 40 000 euros récoltés ce mercredi). Le chantier de restauration est envisagé pour une durée de trois ans minimum. La Drac estime qu'une réouverture partielle de l'édifice au public pourrait être envisagée en cours de chantier.