Delphine Boesel est avocate au barreau de Paris et présidente de la section française de l'Observatoire international des prisons (OIP). Elle décrit pour Libération les grands défis dont devra s'emparer le nouveau garde des Sceaux sur les prisons.
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La nomination d’Eric Dupond-Moretti à la chancellerie est-elle porteuse d’espoir pour le monde carcéral ?
C’est indéniablement quelqu’un qui, en tant qu’avocat pénaliste, connaît le fonctionnement des prisons et la réalité de la vie des détenus. Pour autant, est-ce qu’on peut être rassurés ? Non ! Nous ne sommes pas dans une euphorie totale, a fortiori parce qu’il n’arrête pas de dire qu’il n’est plus avocat et qu’il a enfilé le costume de garde des Sceaux. On attend de voir. On le jugera sur des actes.
Comment interprétez-vous la scène, impressionnante, de sa visite à la prison de Fresnes, lorsque les détenus l’acclament en tapant sur les portes de leurs cellules ?
J’avoue que je ne sais pas bien quoi en penser. Beaucoup voient dans cette scène l’espoir suscité chez les détenus par sa nomination justement, mais applaudissent-ils le garde des Sceaux ou reconnaissent-ils simplement leur avocat ? Font-ils cela pour se faire entendre car on les enferme, justement pour ne pas les montrer, les invisibiliser ? Honnêtement, je ne sais pas.
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Qu’attendez-vous de lui concrètement ?
Des actes ! Un mois avant sa prise de fonction, il a signé une lettre ouverte que nous avons rédigée avec des