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Libération
Reportage

Dans le Lot-et-Garonne, le barrage et «la jacquerie»

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Le 10 juillet, la justice condamnait la chambre d’agriculture du département pour la construction illégale du lac de Caussade. La Coordination rurale, syndicat réputé poujadiste, mène la fronde.
Le barrage de Caussade, à Pinel-Hauterive, le 17 juillet. (Photo Guillaume Rivière)
publié le 22 juillet 2020 à 20h06

Un homme d’église a été appelé au secours pour bénir le barrage. Le diacre a tourné autour de l’étendue de Caussade, les berges incrustées d’herbes folles et empreintes de chien, la digue de rochers blancs qui retient 920 000 m3 d’eau. Il a dit : «Un jour, la paix régnera sur le lac.» C’était le 7 juillet à Pinel-Hauterive, deux collines en Lot-et-Garonne. Le 10 juillet, le tribunal d’Agen a rappelé que cet ouvrage artificiel était illégal : 40 000 euros d’amende pour la chambre départementale d’agriculture, neuf mois de prison ferme pour Serge Bousquet-Cassagne, le président, et sept mois ferme pour Patrick Franken, vice-président. Ces deux piliers de la Coordination rurale (CR) font appel. Désormais, la population redoute que les sanctions soient confirmées, ce qui pourrait déclencher un embrasement dans les campagnes, au sens propre. Sans compter que la remise en l’état du site pourrait être réclamée. Le «comité de défense» de la CR : «Si l’eau est versée, notre sang sera versé aussi.» Bernard Lannes, président national de la Coordination : «Il faudra envoyer l’armée !» Il tempête : «C’est un procès politique ! Une guerre de religion ! La justice et certains écologistes nous frappent alors que le gouvernement se montre ouvert sur des négociations…»

«Pas d’eau, pas d’agriculture»

Le barrage de Caussade est une affaire dans laquelle personne ne veut perdre la face, ni l’administration ni les paysans. Le projet d’irrigation remonte aux ann