Sept kilomètres de sable fin entre océan, dunes et forêt. Un spot ultraprisé des amateurs de surf. Fiers comme des coqs, les locaux perdent rarement une occasion de le rappeler : «Hossegor, c'est un peu le diamant de la Côte d'Argent landaise.» Chaque été, la petite commune de 3 600 habitants voit ainsi sa population multipliée par dix avec l'arrivée en masse des touristes. Un engouement qui n'a pas été freiné par le Covid. «La saison a démarré très fort pour nous», note Antoine, gérant d'une boutique de surf. Il pointe du doigt les terrasses remplies «presque comme un jour d'été classique». La plage centrale est elle aussi prise d'assaut. Pierre, un vendeur d'articles de plage, confirme : «Les touristes sont même arrivés plus tôt cette année, dès le mois de juin. Après le déconfinement, les gens se sont précipités sur la côte. Ils avaient besoin d'air frais.»
«Amnésiques»
Si les estivants sont bien accueillis par les acteurs du tourisme, ces allées et venues en continu suscitent aussi de fortes inquiétudes à Hossegor. Tous multiplient les précautions : gel à l'entrée des établissements, campagne d'affichage, signalétique, masques et visières pour le personnel. «Le virus est pris très au sérieux. On ne veut surtout pas prendre le risque d'être reconfinés. Ce serait catastrophique, explique Annie (1), gérante d'un hôtel-restaurant en bord de plage. Beaucoup de vacanciers respectent les distances sur la plage, mettent leurs masques dès qu'une rue est noire de monde, mais "l'effet vacances" rend aussi certains soudainement amnésiques. On doit parfois faire appel à la police. Dans la journée, tout se passe très bien. La nuit, c'est autre chose…»
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Ce brassage est d'autant plus préoccupant que ces derniers jours, l'agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a émis de sérieuses mises en garde : «De plus en plus de cas groupés sont identifiés dans la région. A l'origine de ces clusters : un défaut de vigilance très souvent constaté.». Plus inquiétant encore, «des comportements délibérément risqués» sont pointés, parmi lesquels «un retour de voyage en zone "à risque" avec des symptômes et sans contrôle» ou «un séjour maintenu malgré un test Covid positif». A ce jour, treize clusters ont été identifiés en Nouvelle-Aquitaine, la plupart signalés après des événements privés. L'un d'entre eux se trouvait à Hossegor. «Huit personnes ont été contaminées», confirme le maire, Christophe Vignaud. Un homme revenu d'un voyage à l'étranger début juillet aurait transmis le virus à des proches après la soirée d'inauguration d'une boutique et une partie de cartes. «Toutes ces personnes sont heureusement guéries et nous n'avons pas eu d'autres cas, mais la moindre alerte est prise très au sérieux», martèle l'élu.
Fêtards
Egalement dans la ligne de mire de la municipalité : l'organisation par un public très jeune (15 à 18 ans) de soirées clandestines sur la plage ou dans des appartements. A la nuit tombée, les fêtards prennent de nombreuses libertés. «Quand les bars ferment, on cherche un endroit où sortir. Cette plage, c'est vraiment l'idéal : elle est grande et près du centre-ville», se justifie Claire, touriste de 17 ans venue passer l'été avec ses amis landais.
Une page créée sur Instagram a particulièrement attiré l'attention. Baptisée «ProjetXCapbreton», elle regroupe environ 1 200 membres qui s'invitent à des fêtes. Trois vidéos donnent un aperçu de ces soirées où la distanciation sociale semble être la dernière des préoccupations. «Nous avons pris des mesures. Un arrêté interdit la présence de boissons sur les plages après 22 heures. La police passe aussi plus souvent», détaille le maire de Hossegor, qui assure que la vigilance est désormais à son maximum. Le 14 juillet, un petit groupe de six adolescents s'était laissé dépasser en organisant une fête dans un appartement. La soirée avait fini par réunir plus de 500 personnes qui avaient migré sur la plage… A partir de lundi, l'ARS organise une semaine de dépistage gratuit à Hossegor. Le lieu n'a pas encore été précisé.
(1) Le prénom a été changé.