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Libération

Conseil de Paris : le cas Girard déchire la majorité

publié le 24 juillet 2020 à 20h41

Dans la salle du Conseil de Paris, vendredi, l'heure est aux questions d'actualité. Invité à répondre aux interpellations des élus sur la police municipale et sur les violences policières, le préfet de police, Didier Lallement, conclut son propos par un hommage appuyé à l'ex-adjoint d'Anne Hidalgo à la culture qui a démissionné la veille : «J'adresse un salut républicain à Christophe Girard qui nous a donné hier une grande leçon de dignité, et je veux saluer l'homme.» Une provoc qui va mettre le feu aux poudres : si dans l'assemblée, la quasi-totalité des élus (excepté les écologistes et Danielle Simonnet) se lèvent pour une standing-ovation, l'élue verte du XIIe arrondissement Alice Coffin voit rouge et crie : «La honte ! La honte !» La scène est révélatrice de la crise que traverse la majorité rose-verte parisienne.

La zizanie est telle qu'Anne Hidalgo est montée au créneau vendredi en fin de journée, en annonçant qu'elle allait saisir la justice : «Ça suffit ! Hier, des propos indignes ont été proférés et des banderoles infamantes brandies. Je déférerai devant les tribunaux les graves injures publiques qui ont été dirigées contre la mairie de Paris», a-t-elle posté sur Twitter. L'édile fait allusion aux bannières «Bienvenue à Pedoland» et «Pedo en commun» aperçues dans une manifestation. «Je prends acte du fait que les deux élues siégeant dans le groupe des Verts au Conseil de Paris [Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu, ndlr] qui ont incité et soutenu ces comportements se placent ainsi d'elles-mêmes en dehors de la majorité municipale et des valeurs qui nous rassemblent.» Le divorce semble consommé. Dans les rangs écologistes, on assure pourtant que les deux élues sont bien toujours membres de la majorité.

Depuis plusieurs jours déjà, le groupe écolo de Paris (GEP), pourtant partenaire de Paris en commun, sommait la maire de suspendre Christophe Girard le temps qu'une enquête de l'inspection générale de la ville fasse la lumière sur son supposé soutien à l'écrivain Gabriel Matzneff, accusé de pédocriminalité. Refus catégorique de Hidalgo. L'ex-secrétaire général de la maison Yves Saint Laurent démissionne quelques heures plus tard.

«Je suis écœurée. Dans quelle démocratie vivons-nous où le droit est piétiné par la rumeur, les amalgames et les soupçons ?» réagit alors sur Twitter la maire. Dans les rangs de Paris en commun, la pression mise par certains de ses partenaires, notamment lors de la manifestation devant l'hôtel de ville est un affront. «Nous avons un problème, affirme le premier adjoint, Emmanuel Grégoire, au micro de France Info. Nous souhaitons clarifier les relations de travail.» Il affirme aussi attendre des excuses d'Alice Coffin et des écologistes. Pressés de réagir, les écologistes, à l'image de David Belliard, assurent condamner les banderoles, mais insistent sur le fait qu'ils soutiennent pleinement leurs élues. Et si les relations sont loin d'être au beau fixe entre les groupes, il n'est pour l'heure pas question de quitter la majorité pour les Verts.