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Libération
Le portrait

Benoît Payan, bleu mélancolique

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En s’effaçant au profit de Michèle Rubirola, le socialiste, rêveur et nostalgique de son enfance, a permis la victoire de la gauche à Marseille.
(Photo Olivier Monge. Myop)
publié le 27 juillet 2020 à 19h21

Il avait tout pour avoir le premier rôle. Le destin lui a offert un autre registre, celui du sacrifié. En janvier, Benoît Payan, 42 ans, a renoncé à sa candidature à la mairie de Marseille afin de mettre un terme aux divisions qu’il déclenchait. Pas évident pour un socialiste de rassembler toutes les gauches après le quinquennat de François Hollande. L’écologiste Michèle Rubirola est sortie du chapeau. La suite, tout le monde la connaît : la droite est tombée après un quart de siècle à la sauce Gaudin. Lors de son intronisation, l’édile issue du Printemps marseillais a remercié publiquement Benoît Payan pour son «geste».

Le dévoué refuse de réécrire l'histoire : «La victoire est trop belle pour s'attarder sur moi.» Une façon de tourner la page. Jean-Luc Mélenchon, le député du coin, a des différends avec le socialiste. De l'estime, aussi. C'est réciproque. Chez lui, Payan a une photo encadrée en compagnie de l'insoumis. Ce dernier à propos du premier adjoint : «Il est très malin et il a une tête bien remplie. Il aura une bonne place dans la gauche de demain.» Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, acquiesce : «C'est l'un des visages de la nouvelle génération.»

Un jeudi de juillet, Benoît Payan s'installe sur une terrasse du Vieux-Port. Le soleil cogne. Chemise blanche, regard bleu, visage un peu rond, il affiche une petite mine. «Je suis fatigué depuis des mois», convient-il en redressant la mèche qui to