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Libération
Éditorial

Trouble

publié le 27 juillet 2020 à 20h36

Gérald Darmanin pourra difficilement rester à son poste de ministre de l'Intérieur. Il n'a rien à se reprocher ? Qu'il se retire momentanément du jeu politique le temps que la justice fasse toute la lumière sur les actions lancées contre lui. Et s'il est déclaré non coupable, il pourra revenir la tête haute. Le problème, aujourd'hui, c'est le trouble instillé par ces affaires. Un trouble qui perturbe la bonne marche non seulement du ministère de l'Intérieur - ministère clé représentant (les forces de) l'ordre -, mais le gouvernement tout entier. Il ne se passe plus un jour sans que l'un(e) ou l'autre de ses membres ne soit sommé(e) de se prononcer sur le cas Darmanin, et chaque sortie publique du ministre, ou presque, donne lieu à des manifestations de réprobation. Les mois qui viennent vont être suffisamment difficiles aux plans sanitaire, économique, social, et donc politique, pour que le gouvernement ne puisse se permettre d'être plombé par une histoire qui ne mérite franchement pas d'entraver la conduite du pays. Pour moins que ça (des homards), François de Rugy a choisi l'an dernier de démissionner de son poste de président de l'Assemblée nationale. Et jeudi, alors même qu'aucune plainte n'est portée contre lui, Christophe Girard a renoncé à son poste d'adjoint de la maire de Paris afin de ne pas gêner le travail d'Anne Hidalgo. Les responsables politiques, qu'ils soient élus ou nommés, ont un devoir d'exemplarité. A cet égard, Emmanuel Macron a une responsabilité majeure. Promouvoir Darmanin à pareil poste en toute connaissance de cause est une faute politique. Le chef de l'Etat, c'est notoire, aime la provoc (son «on s'en est parlé d'homme à homme» avec Darmanin était dévastateur), mais on sait ce qui arrive quand on joue avec le feu. On peut se brûler.