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Disparition

Gisèle Halimi : une pour toutes

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Militante anticolonialiste, signataire du «Manifeste des 343» pour l’avortement… L’avocate restera l’une des figures françaises majeures du féminisme. Elle est morte à l’âge de 93 ans.
Gisèle Halimi, lors d’un meeting de Choisir, à la Mutualité, à Paris, en 1972. (Photo Horace. Saif images)
publié le 28 juillet 2020 à 20h51

«Elle était paradoxale car elle pouvait être dure et, en même temps, rire de tout. Je n'ai que des souvenirs heureux avec elle, elle aimait tellement la vie ! Nous parlions de tout, de nos maris, de nos enfants, nous avions chacune trois fils. Nous étions de bonnes mères, mais, l'une comme l'autre, nous pensions qu'être mère ne consistait pas en un destin unique. Nous parlions beaucoup des droits des femmes. Elle était une grande féministe. Nos combats n'étaient pas concertés mais ils s'emboîtaient.» Ces mots sont de Gisèle Halimi, dits à Paris Match, à propos de Simone Veil. Gageons que Simone Veil aurait pu dire la même chose de Gisèle Halimi. Elles étaient des amies de longue date, et on parie que l'avocate et la ministre avaient bien des traits de caractère en commun. La liberté farouche, l'exigence, la ténacité, entre autres. De fait, avec Gisèle Halimi, c'est une autre grande figure de combattante au long cours qui disparaît. Et c'est tout un pan de l'histoire du combat du siècle dernier pour la cause des femmes, marqué par le trio Simone de Beauvoir, Simone Veil et Gisèle Halimi, qui se referme.

Intraitable

Une ferrailleuse infatigable : son filleul, l'acteur et réalisateur Nicolas Bedos, fils de son grand ami Guy, confirme : «C'est une femme qui, jusqu'au bout, n'a cessé de réfléchir, elle n'était que curiosité et révolte, sur la condition humaine, les démunis… Même si elle était ultrasensible à la beauté, l'art, l'humour, il fallait que ce soit nourri de se