Une visite surprise et des millions d'euros sur la table. Lundi soir, le ministère de l'Intérieur a annoncé une revalorisation des salaires des policiers qui travaillent la nuit. Pour ajouter du symbole à cette hausse des revenus, c'est Emmanuel Macron en personne qui est allé apporter la bonne nouvelle aux effectifs concernés lors d'un déplacement à huis clos dans le nord de Paris. Il était accompagné du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, de la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa, et du préfet de police de Paris Didier Lallement. Les médias, eux, n'avaient pas été conviés. Selon un compte rendu de l'AFP, le président de la République est notamment monté dans un véhicule de la brigade anticriminalité (BAC) de nuit de la police de Paris et a visité les commissariats des XVIIe et XVIIIe arrondissements.
Une vidéo tournée par un policier permet également de voir une partie de la visite et d'entendre les propos d'Emmanuel Macron. Le président de la République s'exprime alors devant quelques policiers de la BAC. «Mon premier message est un message de soutien», a déclaré Emmanuel Macron. «Je sais la difficulté du travail, elle ne date pas d'hier, mais ça ne s'est pas amélioré ces derniers mois», a-t-il ajouté. Le chef de l'Etat a aussi assuré les policiers de sa «confiance» dans leur travail : «Je sais ce qu'on vous doit.»
Entre 50 et 100 euros par mois
Ce sont les effectifs de la BAC de nuit qui avaient organisé des manifestations nocturnes et non déclarées en juin après des annonces du ministère de l'Intérieur sur une plus grande fermeté face au racisme dans la police et l'interdiction de la clé d'étranglement (une mesure finalement différée). «Hier soir, nous avons eu l'honneur de recevoir dans nos locaux M. Emmanuel Macron, accompagné de M. Gérald Darmanin, Mme Marlène Schiappa et de M. le préfet de police !» réagissait l'un des policiers de cette unité, qui avait appelé et participé aux rassemblements de nuit sur son compte Instagram personnel. Avant cette visite d'Emmanuel Macron, la même unité avait été reçue par le préfet de police de Paris. «Les mots d'Emmanuel Macron nous montrent une fois de plus l'engagement de monsieur Lallement à nos côtés et la valeur de sa parole face aux engagements qu'il avait pris auprès de nous pendant les rassemblements», réagit un policier de l'unité interrogé par Libération.
«La mesure qui est annoncée était déjà en discussion, rappelle Thierry Clair, délégué national du syndicat Unsa police. C'est une revendication que l'on porte depuis plusieurs années car les heures de nuit n'avaient pas été revalorisées depuis très longtemps. On avait déjà eu plusieurs réunions avant la crise sanitaire à ce propos.» Les discussions pour les modalités d'application de cette mesure doivent débuter prochainement.
Selon la durée de travail des agents, cette prime pourrait représenter entre 50 et 100 euros par mois, avec une incitation pour les cycles les plus longs, de douze heures. L'indemnité annoncée «vise notamment à accompagner une pénibilité plus forte liée au travail de nuit et le passage à des cycles de travail augmentant la présence des policiers sur le terrain», a précisé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Cette nouvelle ligne budgétaire s'ajoute aux 75 millions d'euros annoncés mi-juillet pour l'achat de 2 300 nouvelles voitures et 1 500 vélos pour les forces de l'ordre.