Spécialiste des mouvements ouvriers et des combats féministes, professeure émérite à l'université Paris-VII-Diderot, l'historienne Michelle Perrot rend hommage à l'avocate, femme politique et écrivaine Gisèle Halimi, morte ce mardi à l'âge de 93 ans. Une «femme très engagée», qu'elle «connaissait bien, sans être une amie intime», et dont elle salue les «convictions profondes» et le «rôle crucial» dans le combat en faveur de l'égalité.
Quand on évoque cette figure du féminisme, quel est le premier mot qui vous vient à l’esprit ?
Gisèle était une pionnière, une étoile du féminisme. Un guide. Elle a toujours été au premier plan. Lors de la guerre d'Algérie [lire page 5, ndlr], lorsqu'elle s'est engagée contre les tortures, lors du procès de Djamila Boupacha [militante du Front de libération nationale algérien arrêtée en 1960 pour tentative d'attentat et dont les aveux furent obtenus sous la torture ; Gisèle Halimi fut son avocate]. Et bien sûr, ce qui demeure, c'est son engagement pour la cause des femmes. Elle savait bien que dans la République des droits de l'homme, on ne parle pas des droits des femmes.
Elle a largement contribué à faire avancer ces droits…
Evidemment. Quand on évoque Gisèle Halimi, deux grands procès viennent à l’esprit. D’abord, le procès de Bobigny en 1972 contre la répression de l’avortement. Ce procès va jouer un rôle crucial dans la mobilisation des femmes à l’époque, et de certains hommes aussi. C’est ce procès qui conduira ensuite au vote de la loi Veil, qui dépénalisera l’avortement en janvier 1975. Gisèle avait une conviction profonde, n’avait