Sans être alarmiste, Patrick Goldstein, chef des urgences du CHRU de Lille et patron du Samu 59, prône la prévention pour éviter une explosion des cas et «casser la dynamique inquiétante» qui fait redouter une seconde vague de l'épidémie. A l'échelle nationale, le Nord fait partie des sept départements classés en niveau de vulnérabilité modérée par Santé publique France. Mais dans l'aire de la Métropole européenne de Lille (MEL), la situation est moins bonne. Le préfet de région Michel Lalande veut donc «imposer pour ne pas reconfiner». Un arrêté signé de sa main généralise ainsi le port du masque dans des rues, des parcs, des marchés extérieurs très fréquentés de la métropole lilloise, à partir de lundi.
Ici, les taux de positivité et d’incidence augmentent. Entre le 20 et le 26 juillet, 2% des personnes testées étaient positives au Covid-19, contre 1,6% la semaine précédente et 1,4% celle d’avant. Le taux d’incidence, soit le nombre de cas positifs pour 100 000 habitants, a, lui, doublé en deux semaines. En revanche, les 95 communes de la MEL ne sont pas toutes exposées de la même façon. A Lille, Roubaix et Tourcoing, les trois communes les plus peuplées, le taux d’incidence est autour de 40. Il s’approche du seuil d’alerte national de 50 – alors que celui de la métropole est à 31 et que le reste du département à 17,5, légèrement au-dessus du seuil de vigilance établi à 10.
«Cas positifs chez des sujets plus jeunes»
Même si les tests sont réalisés plus souvent, notamment à travers des campagnes de dépistage plus massives et nombreuses, cela ne permet pas d'expliquer la hausse des cas, assure le directeur général de l'ARS Hauts-de-France Etienne Champion. «Les plus jeunes (15-29 ans) et les jeunes actifs (30-44 ans) sont actuellement particulièrement concernés par le virus. Ils le sont vraisemblablement du fait de comportements qui ne sont pas forcément les plus empreints des gestes barrières», ajoute Etienne Champion. Le taux d'incidence de l'épidémie, plus élevé chez ces tranches d'âge, reste tout de même inférieur au seuil de vigilance.
«Je ne vais pas vous raconter d'histoires. Aujourd'hui, il n'y a pas d'impact sur l'hôpital», reprend Patrick Goldstein, le patron des urgences et du Samu. En ce moment, deux à trois patients positifs sont accueillis chaque jour dans les plus importants services d'urgence de la métropole lilloise et la légère recrudescence de cas dans les services de réanimation n'est pas significative, précise le médecin. N'empêche, il se fait du souci : «On va trouver des cas positifs chez des sujets qui sont jeunes. Ces sujets jeunes, pour un grand nombre, ne vont absolument pas avoir besoin d'aller à l'hôpital. Mais si on reste sur cette dynamique d'augmentation de cas positifs, ça ne va pas durer. C'est mathématique : il y aura obligatoirement une transmission à ceux qui sont plus fragiles (les plus âgés et les personnes souffrant de pathologies comme l'hypertension artérielle ou le diabète) et une augmentation des cas graves chez les sujets jeunes.»