Un an pour France 4, quinze jours pour France Ô. Les deux chaînes publiques, promises à la fermeture, ont obtenu un répit mais leur avenir est fixé. L'arrêt de France 4 est reporté d'un an pour «assurer la transition nécessaire à la montée en puissance de l'offre jeunesse délinéarisée de France Télévisions», indique le ministère de la Culture ce mardi. Quant à la chaîne des outre-mer, France Ô, elle s'arrêtera le 23 août, «au terme du déploiement du pacte de visibilité pour les outre-mer», qui prévoit le renforcement des programmes dédiés sur les autres antennes de France Télévisions.
Initialement, les deux chaînes devaient s’éteindre dimanche 9 août, lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Tokyo. France Télévisions est le diffuseur officiel de la compétition qui a dû être reportée en raison de la crise du coronavirus.
En 2018, Françoise Nyssen, alors ministre de la Culture, avait annoncé la fermeture des deux chaînes du service public sur la TNT afin de faire des économies, tout en prévoyant des redéploiements sur le numérique. Ce virage stratégique s'est traduit à la fin de l'année 2019 par les lancements d'Okoo, une plateforme qui rassemble les programmes destinés à la jeunesse de la télé publique, et de Lumni, une offre qui regroupe des contenus éducatifs.
«Un service remarquable»
Le confinement a changé ces plans. Dès le 23 mars, la grille des programmes de France 4 a été bousculée pour diffuser le magazine la Maison Lumni,dans lequel des professeurs donnaient des cours pour les scolaires du lundi au vendredi. Le succès a été immédiat : lors de la semaine, du 23 au 29 mars, l'institut Médiamétrie avait enregistré une progression de la part d'audience de 21% pour les 4-10 ans, de 29% pour les 11-14 ans et de 40% pour les 15-18 ans.
Fraîchement nommée ministre de la Culture, Roselyne Bachelot saluait le 9 juillet le travail réalisé par France 4 : «Le service a été remarquable, avec ses programmes jeunesse pendant la crise, parce que tout le monde n'a pas des outils numériques.» Elle s'interrogeait alors sur la pertinence de la décision prise par le gouvernement en 2018 : «Est-ce que les missions assurées par France 4 peuvent être assurées d'une autre façon ? Je n'en suis pas sûre.» Déjà, Franck Riester, son prédécesseur, avait ouvert la porte à un réexamen de ce choix.
Ce délai d'un an supplémentaire annoncé ce mardi devrait donc permettre «d'accompagner sereinement la transition, installer les conditions propices à la montée en puissance de Okoo et Lumni et permettre une redéfinition fine des futures grilles, notamment France 5».
Priorité pour Delphine Ernotte
Malgré une mobilisation en sa faveur, illustrée par la publication d'une tribune signée par 125 personnalités dans Libération le 27 juillet, France Ô n'a pas réussi à obtenir le même traitement. «Je crois que la question est résolue, indiquait Roselyne Bachelot le 9 juillet. On était arrivé à une sorte de confinement de l'outre-mer dans le service audiovisuel et l'outre-mer doit participer à l'ensemble de l'audiovisuel.»
La ministre de la Culture assure que la visibilité des outre-mer sera accrue sur les autres chaînes de France Télévisions et insiste sur le lancement, le 3 juin, d'un portail numérique dédié. «Cet arrêt ne donnera lieu à aucun licenciement», indique-t-elle.
Cette annonce intervient alors que Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions depuis 2015, a été reconduite pour un nouveau mandat de cinq ans le mois dernier par le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Dans son programme, elle a promis une «offre globale d'éducation populaire» avec des programmes artistiques et culturels et un doublement des investissements pour la jeunesse.