Auteur à succès et chouchou des plateaux de télé, Thomas Touchard, dont les livres s'écoulaient par centaines de milliers, était un habitué des cabinets ministériels ; et même au palais présidentiel, il avait ses fans et ses entrées. Lorsqu'on le convia à se rendre au ministère de l'Information, qui avait remplacé celui de la Culture dès lors que la guerre contre la Covid s'était invitée de façon permanente dans la vie des gens, y rencontrer le nouveau directeur de cabinet du ministre, il ne se fit pas prier. D'autant que ledit directeur de cabinet, un certain Monsieur Brin, ne figurait pas encore dans son carnet d'adresses. Car Thomas Touchard ne s'intéressait ni aux has been ni aux might be.
Introduit en la présence de Monsieur Brin, très vite il déchanta cependant. Ce dernier, qui trônait derrière un imposant bureau faisant barrière, ne prit en effet même pas la peine de se lever à son entrée. «Asseyez-vous donc», se contenta-t-il de lui lancer négligemment après avoir pris soin de mettre son masque. Un masque Hermès, nota l'œil exercé de Thomas Touchard, et assorti à la cravate. Le luxe français à l'heure de la Covid.
Son enthousiasme quelque peu refroidi par cet accueil distant, l'écrivain alla prendre place face à son interlocuteur. Sur le mur derriè