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Rion-des-Landes et Maïté, histoire de lard

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Avec sa gouaille et ses plats gargantuesques, la cuisinière a crevé le petit écran pendant deux décennies. Et acquis un statut de célébrité nationale sans jamais avoir quitté la petite ville du Sud-Ouest où elle habite toujours.
Repris par la famille Cantel, le restaurant de Maïté est devenu le «Marco Paulo». Mais l’ancienne patronne y était toujours présente, en photo. (Photo Elie Monferier pour Libération)
publié le 13 août 2020 à 19h21
(mis à jour le 21 décembre 2024 à 16h46)

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A l’été 2020, Libération partait à la découverte de villes qui ont vu naître ou grandir des personnalités, retraçant les liens complexes, faits d’admiration et parfois de rejet, entre les habitants de ces territoires et ces enfants du pays devenus des célébrités. Ce 21 décembre 2024, Maïté est morte. Nous republions ce reportage.

Il existe une énigme Maïté, et Janette Lamarque ne se l'explique toujours pas. La Marie-Thérèse avec qui elle allait à l'école, ses sabots tapant le sol, fille de résiniers (des métayers récoltant la résine de pin), éphémère comédienne dans la troupe du village - rôle de madame Tagette, receveuse des postes -, la Marie-Thérèse employée de la SNCF deux décennies durant, est devenue star à la cinquantaine. Puis, plus rien à 82 ans. Comme elle l'avait décidé elle-même. Les lumières se sont éteintes sur cette retraitée et du même coup sur sa bourgade des Landes. La tueuse d'anguille la plus célèbre de France, la mémé foie gras de FR3 (la Cuisine des mousquetaires et A table ! entre 1983 et 1999), chaînon manquant entre Joël Robuchon et Top Chef, propriétaire de restaurants à palombes, vit toujours ici, à une adresse secrète. Janette, qui fut fonctionnaire de ville en ville, se souvient de ses retrouvailles avec son ancienne copine. Maïté lui claque une bise : «Tu vois, je suis devenue plus riche que toi sans jamais avoir quitté Rion !»

Garbure

Rion-des-Landes se revendique «ville western». 2 700 habitants. La forêt communale de pins et de chênes-lièges est plus grande que Paris. Une seule grand-rue où l'on passe, vite et sans s'arrêter, la D41 qui borde la voie ferrée. Les camions se prennent pour des Porsche. A l'entrée du bourg, un vestige peint en blanc modeste. L'ancien resto de Maïté se trouve sur la