Pour les entreprises, il y aura un avant et un après-mars. Certaines d'entre elles auront même très peu connu l'après, contraintes de licencier tout ou partie de leurs salariés faute de charge de travail suffisante. On le voit bien : les annonces de restructuration et de suppression d'emplois se multiplient depuis le début de l'été et ce n'est malheureusement qu'un début, la rentrée s'annonce pire encore. La situation est ainsi préoccupante dans le secteur aéronautique où des dizaines de milliers d'emplois sont menacés, les sous-traitants subissant en aval la crise des maîtres d'œuvre dont les commandes s'effondrent, fragilisant des régions entières. C'est là où deux acteurs clés de la vie économique vont devoir faire preuve de responsabilité : les banquiers et les actionnaires. S'ils empochent sans état d'âme taux d'intérêt et dividendes quand l'activité est florissante, il serait extrêmement choquant qu'ils ne soutiennent pas les entreprises quand celles-ci sont en difficulté. Il arrive en outre que l'épidémie ait bon dos. Entre les plans sociaux d'«opportunité», les accords de performance collective (qui permettent à l'employeur de baisser la rémunération de ses salariés en échange d'un maintien de l'emploi) dont certains sont tentés de profiter indûment, et les entreprises qui touchent des paquets d'aides sans contrepartie sur l'emploi, il y a des excès qu'il faut traquer et sanctionner. En attendant les «jours meilleurs» promis par Emmanuel Macron, comment tenir ? Les aides massives dégagées par l'Etat vont permettre de limiter la casse, mais elles ne pourront pas sauver le tissu industriel tout entier, surtout si l'épidémie repart en flèche à la rentrée. La période de confinement a été un gros choc pour l'économie, douloureux mais surmontable ; une deuxième période de confinement, même partiel, lui serait fatale. Il faut à tout prix l'éviter.
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