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Libération
Echecs et chocs (3/6)

Replié sur ses terres provençales, Christophe Castaner poétise sa vacance

Christophe Castaner, le 7 juillet au ministère de l'Intérieur, avant la passation de pouvoir. (Photo Thomas Samno. AFP)
publié le 18 août 2020 à 19h26

«Le "pointu" célèbre, là où le bleu de la mer, la vague, va et vient.» Ce n'est pas du Baudelaire mais du Christophe Castaner, ex-premier flic de France. Le marcheur du Sud se laisse aller à la poésie cet été. Sur Instagram bien sûr, c'est un homme de son époque. Enfin libre. Libre de partager une photo de «pointu», ces barques traditionnelles méditerranéennes, lors de ses vacances à Sanary-sur-Mer, dans le Var. Libre d'écrire en mode poète : «Rien d'autre aujourd'hui, que de regarder l'été. Au cœur, la Provence.» Tout comme son ancien Premier ministre, Edouard Philippe, il laisse parler ses boutons de manchette à sa place. «C'était formidable», affichent-ils.

Sûrement une référence à son passage au porte-parolat du gouvernement en début de quinquennat. A l'époque, l'ancien maire socialiste de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) avait encore le droit de commettre quelques bourdes. Des parlementaires «expérimentaux» plutôt qu'expérimentés, et une Muriel «Pinocchio» au ministère du Travail : Castaner a parfois la langue qui fourche. Au ministère de l'Intérieur, de la gestion du maintien de l'ordre pendant les gilets jaunes à la question des violences ou du racisme dans la police, le «kéké de la République» n'a jamais convaincu. Pas même les policiers, auxquels il a pourtant apporté un soutien indéfectible. Ces derniers jetteront leurs menottes à terre quand le locataire de la Place Beauvau proposera d'interdire la clé d'étranglement.

L’arrivée de Jean Castex à Matignon - qui fut pressenti en 2018 pour succéder à Gérard Collomb et fut coiffé au poteau par Castaner -, mais surtout la droitisation du macronisme au pouvoir ont contribué à solder son sort. A l’Intérieur, un ancien «Sarko boy» succède à un ancien socialiste.

«Casta» est, lui, redevenu simple député. Libre d’aller à la salle de sport du Palais-Bourbon sans masque. Libre de croire en son retour sur le devant de la scène comme président du groupe LREM à l’Assemblée nationale. Libre, d’ici là, de profiter de cette Provence qu’il prise tant.