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Libération
L’automne 1940 (6/7)

3 octobre : la vindicte vichyste

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«Libération» retrace les grandes dates de l’année qui vit vaciller la France. Aujourd’hui, le jour où Pétain durcit le premier projet de loi qui porte sur le «statut des Juifs».
Vers 1940, le maréchal Philippe Pétain et Pierre Laval sortant de l’hôtel Sévigné, à Vichy. (Photo Gamma-Keystone. Getty Images)
publié le 21 août 2020 à 17h16

C'est une écriture fine, élégante, classique, qui accroît encore l'infamie des mots. Avec un simple crayon, Philippe Pétain, chef de l'Etat français, corrige un projet de loi qui porte sur le «statut des Juifs» dans la France de Vichy. Saisissant, éclairant, ce texte annoté a été versé, il y a une dizaine d'années, au Mémorial de la Shoah à Paris par un donateur anonyme ; Serge Klarsfeld, avocat, ancien «chasseur de nazis», fondateur de l'association des Fils et Filles des déportés juifs de France (FFDJF), en a fait le premier un commentaire public. Déjà «extrêmement antisémite», dit-il, le projet, une fois réécrit par Pétain, le devient encore davantage.

Certains ont émis des doutes sur son authenticité. Mais, selon Serge Klarsfeld et son fils Arno, la comparaison avec l’écriture du maréchal sur d’autres pièces ne laisse aucun doute. Confirmation, en fait : publiés en 1947, les mémoires de Paul Baudoin, ministre de Vichy à l’époque, allaient déjà dans ce sens. Lors de l’examen du texte en Conseil des ministres, Pétain était intervenu pour durcir un projet déjà hautement discriminatoire, qui allait, par la suite, faciliter la vaste entreprise de déportation et d’extermination perpétrée par l’occupant nazi avec la complicité active de l’Etat français.

Le document, aujourd’hui tenu pour vé