Pierre Troisgros, qui a révolutionné la cuisine avec son frère Jean et fait de l'hôtel-restaurant familial de Roanne un monument de la gastronomie, est mort ce mercredi à l'âge de 92 ans. Cet été, Libération revenait sur cette dynastie de cuisiniers triplement étoilés, dont l'histoire s'étale sur quatre générations.
Episode précédent Le chien de Schopenhauer, post-mortem animal triste
Il y a donc Michel mais le nom de Troisgros est insécable aux fourneaux tricolores depuis quatre-vingt-dix ans, autant dire un siècle. On se dit cela un soir précaniculaire en se perdant de gourmandise dans la fricassée de rognons à l'artichaut servi au Central, le café-épicerie ouvert par Michel et son épouse Marie-Pierre en 1995, juste en face de la gare de Roanne qui fut longtemps aux Troisgros ce que la gare de Perpignan était à Salvador Dalí : le centre du monde. Car, juste à côté du Central, on s'en va en pèlerinage devant un bâtiment fantôme, désert, silencieux, aux stores et aux rideaux tirés. Pendant soixante-sept ans, il fut le vaisseau amiral, le restaurant gastronomique Troisgros, jusqu'à ce que la famille étoilée déménage le 1er janvier 2017 à une dizaine de kilomètres de là, à Ouches, dans une ancienne propriété agricole de 17 hectares avec manoir d'inspiration toscane, bois, jardin, étang, (8 millions d'euros de travaux