Il y a quelque chose de pharaonique dans l'organisation de ce procès, dans le défi, à la fois spatial et judiciaire, que représente une audience réunissant des centaines de familles meurtries et des rescapés, une dizaine d'accusés, une kyrielle de témoins et d'avocats, le public ou encore la presse attendue en masse. Pour juger les attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et l'Hyper Cacher, survenus en janvier 2015 - les plus graves qu'avait alors connus la France depuis plus d'un demi-siècle, avec 17 morts et une vingtaine de blessés -, c'est toute la géographie judiciaire qui a été bouleversée. Rendez-vous, ce mercredi, au tribunal de la Porte de Clichy à Paris, et non dans l'antique palais de l'Ile de la Cité où se trouve la cour d'appel. Exceptionnellement, la cour d'assises a été délocalisée et se démultipliera entre une salle d'audience principale et quatre salles de retransmission, toutes à la capacité moindre en raison du Covid-19.
Moment de rupture
Le casse-tête de l'espace symbolise bien l'enjeu : tout est démesuré. L'émotion, la foule, l'attente, les chiffres : 49 jours de procès (le verdict est attendu le 10 novembre), 171 tomes de procédure, 200 parties civiles, 94 avocats, 144 témoins… Dans une décision du 30 juin, le premier président de la cour d'appel a confirmé : c'est un procès «historique», il sera filmé car il présente «un intérêt pour la constitution d'archives». Une première en matière de terrorisme (la demande avait été refusée pour le procès de