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Reportage

Dans les Alpes-Maritimes, le Covid aura-t-il raison du surtourisme ?

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Très dépendante des vacanciers, la Côte d'Azur a été lourdement touchée par les conséquences de la crise sanitaire, comme à Villefranche-sur-Mer. Certains élus et commerçants réfléchissent à la possibilité d'un autre tourisme.
Sur la plage de Villefranche-sur-Mer, près de Nice, le 31 août. (Laurent CARRE/Photo Laurent Carré pour Libération)
par Mathilde Frénois, envoyée spéciale à Villefranche-sur-Mer
publié le 13 septembre 2020 à 15h23

Que serait un retour de vacances sans l'ajout d'un magnet à sa collection ? Seule trace visible du voyage, il est la preuve indiscutable que l'on a bien posé ses deux pieds à l'autre bout du monde. On repense à ces paysages en ouvrant le frigo, on en fait un prétexte pour raconter ses aventures aux copains. Ceux de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes) ont à coup sûr été dégotés au tabac du port. Ce bazar de plage, en face de l'embarcadère, s'est spécialisé dans la vente de ces condensés de souvenirs aimantés. «Jusqu'à l'année dernière, on en écoulait entre 800 et 1 000 par jour. Quand débarquait un bateau de croisière de 3 000 personnes, on vendait pour 4 000 euros de magnets, raconte Haïthem derrière la caisse. Cet été, on a 255 000 euros de perte, avec une baisse de 80% du chiffre d'affaires.»

Haïthem au tabac du port de Villefranche-sur-Mer, le 31 août.

Photo Laurent Carré pour Libération

Haïthem n'a fait qu'un seul réassort dans toute la saison. Avant, il fallait déballer des cartons de magnets tous les deux jours. Une minibaguette, un «I love Villefranche-sur-Mer» et les paysages du bord de mer miniatures aimantés s'arrachaient comme des petits pains. Puis il y a eu la crise du Covid. Depuis le mois de mars, aucune des 100 escales annuelles n'a été opérée dans la rade de Villefranche. Les paquebots n'ont pas jeté l'ancre dans sa baie protégée et leurs 300 000 passagers annuels n'ont pas arpenté la vieille ville aux façades ocre