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Libération
édito

Rentrée des universités : débrouillardise

Déconfinementdossier
publié le 15 septembre 2020 à 20h31

Génération sacrifiée ? Le terme est fort, mais on n’en est pas loin. Génération démerde, assurément. Il ne fait pas bon être étudiant aujourd’hui, sauf si l’on a en soi des réserves d’optimisme et de débrouillardise. Cette rentrée universitaire se déroule sous les pires auspices. Le taux de réussite inédit au dernier bac va jeter dans les universités 36 000 étudiants de plus, alors que les règles de distanciation sociale s’appliquent aussi aux facultés. Tout juste sortis du lycée, ces primo-étudiants vont avoir bien du mal à trouver un cadre dans lequel s’intégrer et beaucoup pourraient décrocher très vite. D’autant que les risques de contamination vont pousser nombre d’enseignants à organiser des cours à distance, voire à alterner ceux-ci avec des cours en amphi au petit bonheur la chance. Et la crise économique n’arrange rien : elle a fait chuter non seulement les offres de stages et d’alternances - et l’on ne parle pas des Erasmus et autres échanges universitaires - mais aussi le nombre de petits boulots permettant de boucler les fins de mois.

Bref, il faut avoir le goût de l'étude chevillé au corps pour surmonter les multiples tracas de cette rentrée sous le signe du Covid-19. D'autant qu'il n'est pas question de noyer ses angoisses dans des soirées arrosées et festives, les rassemblements étant proscrits. Comme souvent, ce sont les plus précaires qui risquent de trinquer : ceux qui doivent travailler pour payer leur loyer ou de quoi adoucir le quotidien. Dans ce contexte, les appels à «la responsabilité» lancés par la ministre de l'Enseignement supérieur apparaissent bien faiblards. C'est d'enthousiasme, d'encouragements et de perspectives dont ces étudiant(e)s ont besoin. «L'étudiant n'est pas un conteneur que vous devez remplir mais un flambeau que vous devez allumer», a dit Albert Einstein. Il savait de quoi il parlait, lui qui a eu bien du mal à s'intégrer dans les circuits étudiants classiques.