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Libération
Éditorial

Entêtement

publié le 17 septembre 2020 à 20h36

Soubresaut ou début d’un vrai mouvement ? La journée #Lundi14septembre organisée par des lycéennes a en tout cas dépassé le stade du simple happening. Que demandent ces jeunes filles et femmes manifestement désireuses de structurer une nouvelle forme de lutte clairement revendiquée post-#MeToo ? La possibilité de se vêtir comme elles veulent, sans être regardées comme des objets sexuels par les garçons, ni suspectées de moralité douteuse par les adultes dès que ventre ou épaule se dévoilent. Montrez ces nombrils qu’ils ne sauraient voir ! Reprise, amplifiée, puis déclinée sur les réseaux sociaux, cette dénonciation des discriminations vestimentaires subies pose les bases d’un féminisme d’action au cœur même des établissements scolaires. Au centre des débats, la notion de «tenue correcte» convoquée dans les règlements intérieurs des établissements, mais qu’une appréciation à géométrie variable rend in fine inopérante. Si le principe est clair, sa mise en application devant la grille des bahuts se révèle plus problématique, la frontière entre jugement moral revendiqué par certains et discriminations dénoncées par les autres étant plus que ténue.

Alors, sexiste, l'école ? L'affirmer serait une erreur. Comme l'est l'entêtement à ne pas reconnaître que nos collèges et lycées ne sont qu'exceptionnellement des sanctuaires de la République où garçons et filles se sentent libres, égaux et respectés. Réagissant à la mobilisation spontanée avec un paternalisme bon teint - «Il suffit de s'habiller normalement et tout ira bien» -, Jean-Michel Blanquer n'a rien arrangé. A l'opposé du «il suffit de» du ministre de l'Education nationale, les partisans du «s'habiller librement» demandent un travail d'éducation, qui ne s'envisage que sur le long terme, afin de lutter contre l'hypersexualisation des corps et la culture du viol.