C’est la journée mondiale de la maladie d’Alzheimer. Et comme tous les ans, nous avons droit aux avancées «historiques» qui se préparent dans les traitements, et la prise en charge de cette maladie dramatique. Cette année, le rendez-vous n’a pas été manqué. Dans le Journal du dimanche, c’est au tour du professeur Bruno Dubois, éminent spécialiste de la maladie d’Alzheimer, de mettre en avant un nouveau médicament du laboratoire qu’examinerait actuellement la Food and Drug Admnistration (FDA) aux Etats-Unis.
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Le spécialiste se montre super optimiste : «L'espoir le plus lumineux, ce sont les énormes progrès conceptuels réalisés ces dernières années. On n'est plus dans la contemplation de la maladie ; on tient peut-être le chemin de la solution. Par le passé, certaines molécules étaient parvenues à faire diminuer les plaques amyloïdes dans le cerveau des malades, c'est-à-dire une des deux lésions caractéristiques d'Alzheimer, mais ça restait sans effet sur les symptômes.» Il ajoute dans cet entretien : «L'aducanumab [un anticorps, ndlr] lui, semble réduire le déclin cognitif chez une partie des patients dans la phase initiale de la maladie. Un effet positif sur l'autonomie et les performances cognitives, c'est une première, et quelle promesse !» Il prévient tout de même : «Prudence, les résultats des essais cliniques n'ont pas encore été publiés. Si l'efficacité était confirmée l'an prochain, 2021 serait la deuxième date la plus importante depuis la description de la maladie par Alois Alzheimer en 1906.» Rien que ça…
Pathologie du siècle
Bref, un essai non encore publié devenant une prochaine découverte historique. Qui n'aimerait pas qu'il ait raison ? Comment ne pas succomber aux charmes de l'espoir ? Mais voilà, le même discours a été tenu à propos de médicaments anti-Alzheimer qui se sont avérés tellement inefficaces qu'ils ne sont plus aujourd'hui remboursés, certains se révélant même nocifs. Espérons que l'histoire ne bégayera pas. En attendant, un rapport, publié dans la revue The Lancet, dont l'autrice principale est la professeure Gill Livingston de l'University College de Londres, met en avant une tout autre analyse sur cette pathologie du siècle : plutôt que de privilégier une médicalisation à outrance de cette maladie, la prévention donnerait des résultats bien plus efficaces.
Elle écrit : «40 % des cas de démence pourraient être évités ou retardés en réduisant une douzaine de facteurs de risques, dont une consommation d'alcool excessive, le tabagisme, les chocs à la tête et la pollution de l'air.» Et ces mots : «Notre rapport montre que les décideurs et les individus ont le pouvoir de prévenir ou retarder une part importante des cas de démence.» Selon l'Organisation mondiale de la santé, 50 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde, avec 60 à 70% des cas causés par la maladie d'Alzheimer. L'OMS estimant que le nombre total de personnes atteintes de démence devrait grimper à 82 millions en 2030 et 152 millions d'ici 2050. Cela en grande partie à cause de l'augmentation du nombre de cas dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.