Un vendredi gris et pluvieux, un homme armé d’une kalachnikov a fait irruption dans un supermarché. Il a surgi au milieu des courses en famille, des cabas à moitié remplis, des tergiversations dans les rayons. Il a croisé la route d’un joueur de bridge qui sortait de son club, d’un jeune employé rangeant les chariots, d’un mari absorbé par la préparation du dîner et d’un étudiant beaucoup trop courageux. Le 9 janvier 2015, en un quart d’heure, Michel Saada, Yohan Cohen, Philippe Braham et Yoav Hattab ont succombé sous les balles du terroriste Amedy Coulibaly.
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Sur l’écran de la cour d’assises spécialement composée de Paris, où comparaissent 11 accusés - soupçonnés d’avoir fourni un soutien logistique aux auteurs des attentats -, les images se superposent les unes aux autres. Il y a d’abord celles de la mort : les longues traînées de sang sur le carrelage du magasin, les armes délaissées au milieu des paquets de chips et les corps au sol. Puis celles de la vie : Michel Saada à la synagogue portant une élégante chemise blanche, Philippe Braham posant en tenue de soirée avec sa femme et leurs deux bébés, puis Yoav Hattab, beau garçon, écouteurs dans les oreilles et regard perdu dans le lointain.
«Il a rigolé»
Depui