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Donnant-donnant

Immobilier : une cagnotte participative pour payer son apport

Pour solvabiliser les primo-accédants, Nexity lance une formule de crowdfunding pour financer l'apport personnel, en rajoutant au pot. Une façon de contourner un accès au crédit devenu plus difficile pour des clients qui achètent leur premier logement.
A Marseille, le 24 septembre 2018. (Jean-Paul Pelissier/Photo Jean-Paul Pelissier. Reuters )
publié le 23 septembre 2020 à 17h02

Fondateur de Nexity, poids lourd de l'immobilier tous secteurs, Alain Dinin en est certain : «40% des clients que nous avons eus en 2019 pour un premier achat n'auraient pas accès au crédit aujourd'hui.» Ces «primo-accédants» sont victimes du resserrement des règles bancaires. Fini les financements à 100%, voire à 110% : désormais, il faut de l'apport.

Pour contourner cet obstacle, le promoteur vient de lancer «Ma cagnotte immobilière». Un système de financement participatif dans lequel le futur propriétaire fait appel à son entourage. Il faut réunir 1 000 euros minimum, après quoi Nexity double la mise jusqu’à 6 000 euros. Sachant que le bonus est plus élevé si l’on achète un 4 pièces qu’un studio. Et bien évidemment, dans le catalogue Nexity.

Coup de pouce

Chez ce promoteur, dont les logements se situent dans une moyenne de 220 000 à 230 000 euros, les primo-accédants représentent 20% des acheteurs. Souvent en couple, parfois avec des enfants, «ils sont très importants car ils stabilisent les villes», dit Véronique Bédague-Hamilius, directrice générale déléguée de Nexity.

Certes, le coup de pouce aux enfants ou aux petits-enfants est vieux comme le monde. Mais en 2015, une start-up orléanaise, DevenezProprio.com, le faisait entrer dans l'ère du financement participatif en ligne. En mai 2019, ces pionniers avaient récolté 2,5 millions d'euros distribués à 1 274 bénéficiaires par 9 500 donateurs. Pas forcément la famille : comme pour n'importe quel projet faisant appel au crowdfunding, les potentiels bénéficiaires se présentaient sur le site sous leur meilleur jour. Intégré à la fintech Eloa, la start up est aujourd'hui en sommeil.

Parmi les plateformes classiques, Kisskissbankbank ne finance pour sa part que les apports nécessaires au montage d’un projet professionnel. Dans le financement participatif classique, il n’y a pas de bonification de la collecte comme dans le système Nexity mais il n’y a pas non plus d’obligation d’acheter chez tel ou tel. Dans un parcours résidentiel, l’apport personnel, qu’on a ou qu’on n’a pas, est un discriminant social puissant. Sans doute tout ce qui l’atténue est-il bon à prendre.