«La police a merdé, les services ont merdé, mais ce n'est pas moi le responsable.» A la barre, c'est une armoire à glace qui slalome avec véhémence entre les coups. Claude Hermant est arrivé en retard à cause des bouchons qui congestionnaient l'agglomération parisienne, mais son audition, une fois lancée, aura été d'une rare intensité. Pour commencer, deux bonnes heures de face-à-face avec le président de la cour d'assises spécialement composée, Régis de Jorna, qu'on connaissait jusqu'ici sous un jour plus indolent. Face à Hermant, qu'il sermonne d'abord pour son manque de ponctualité, le voilà soudain offensif : «Pour commencer, je voulais vous demander ce que ça vous fait d'avoir eu entre vos mains les armes qui ont ensuite servi à tuer quatre personnes à l'Hyper Cacher ?» - «Monsieur le président, il n'y a pas une nuit où je n'y pense pas, répond Hermant. C'est un énorme loupé, que les choses soient claires.»
Clairs, les faits ne le sont justement pas du tout. Jeudi, c'est l'arrière-cuisine peu reluisante et très borderline du monde des indics qui a été examinée par la cour. Comme l'a bien résumé Christian Saint-Palais, avocat chargé de la défense d'Amar Ramdani, impliqué dans l'acheminement des armes : «On sait qu'au départ de la chaîne de fourniture des armes, il y a vous, Claude Hermant, et à l'arrivée Coulibaly [l'assassin de la policière Clarissa Jean-Philippe, le 8 janvier 2015, et de quatre personnes à l'Hyper Cacher le l