L'allée en gravillons est impeccable, le potager superbe, la balançoire vide. C'est à l'extérieur de leur pavillon d'Eschau (Bas-Rhin) que Christiane et Alfred ont revu «pour la première fois» Lou (1), leur petite-fille de 9 ans. C'était en mai, après le déconfinement. «Durant dix minutes et à cinq mètres de distance», se souvient le couple de retraités. «C'était un peu dur», ose à peine Alfred.
Lui n'a jamais vraiment décroché. Il a vendu son affaire de matériel de peinture, ne fait plus les tournées comme commercial, mais il tient souvent la boutique au rez-de-chaussée de leur maison, s'occupe des papiers. «Par chance», c'est resté ouvert pendant le confinement. Ils ont pu voir un peu de monde. Christiane, elle, a longtemps travaillé dans la boucherie au bout de l'allée qui appartenait à sa famille. Les nouveaux propriétaires se sont mis à vendre des légumes et un peu d'épicerie quand la vie devait tenir dans un rayon de 100 mètres. Alors Alfred et Christiane ont tenu ainsi. Lui allait récupérer quelquefois un drive au supermarché. Ils n'ont vu personne d'autre.
Ils nous reçoivent, assis côte à côte à leur table de salle à manger massive, lustrée, où la famille au complet ne s'est pas attablée depuis mars, pour fêter