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Libération
Récit

Veolia-Suez : c’est Le Maire qui prend l’eau

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Après six semaines de bras de fer, le numéro 1 français de l’eau et des déchets entre en force au capital du numéro 2. Au nez et à la barbe du gouvernement qui, faute de garanties, s’est opposé à l’opération.
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, à Davos, le 22 janvier. (Photomontage «Libération» d’après Simon Dawson. Bloomberg. Getty )
publié le 6 octobre 2020 à 20h51

«Les mariages de force, ça ne marche pas.» Lorsqu’il quitte la Maison de la radio après avoir fait cette déclaration, mardi, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, semble de bien mauvaise humeur. Et pour cause : la veille au soir, lui-même et l’Etat actionnaire qu’il représente ont essuyé une claque sans précédent. Engie, entreprise du secteur de l’énergie dont l’Etat détient 23,6 %, a vendu une de ses plus importantes participations : 29,9 % du distributeur d’eau Suez pour 3,4 milliards d’euros, alors que l’Etat s’y est fermement opposé. Ces dernières semaines, Le Maire a martelé qu’il souhaitait des garanties sociales sur une opération qu’il voulait non pas hostile mais aussi amicale que possible. L’acheteur Veolia, numéro 1 français de l’eau et des déchets, devait trouver un accord avec Suez, numéro 2 dans les mêmes activités.

«Bafoué»

Aucune entente n'a été possible. Deux des administrateurs représentant l'Etat au conseil d'administration d'Engie ont voté contre la vente de Suez, et le troisième s'est abstenu. Mais ils ont été minoritaires. L'économiste Elie Cohen, qui a siégé au conseil d'administration de plusieurs entreprises dans lesquelles l'Etat est actionnaire, juge sévèrement l'épisode : «L'Etat a pris une claque et a été bafoué. Engie a décidé de ne pas tenir compte de son actionnaire de référence, sans compter que le président d'Engie, Jean-Pierre Clamadieu, a été nommé à ce poste par l'Etat et qu'il n'en a pas tenu compte.»