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à la barre

Attentats de janvier 2015 : «Dans les quartiers, on ne peut pas porter plainte»

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Attentats de «Charlie Hebdo» et de l’Hyper Cacher : un procès hors normedossier
Durant deux jours, les auditions de deux petites mains d'Amedy Coulibaly ont permis d'explorer les liens entre la délinquance ordinaire et le terrorisme. Mardi, l'ex-compagne d'un des accusés a néanmoins fait des révélations explosives à la barre.
Dans le quartier de la Grande Borne, à Grigny (Essonne) dont sont originaires Willy Prévost et Christophe Raumel. (Yann Bohac/SIPA/Photo Yann Bohac. Sipa)
publié le 7 octobre 2020 à 11h14

Ils sont à eux deux une sorte d'incarnation de ce procès, dont on a tant dit qu'il était celui des «seconds couteaux», de ceux qui aident mais ne savent pas. Si l'expression a pu paraître désinvolte, semblant exonérer un peu vite les accusés de la responsabilité des crimes jugés, elle voulait dire ceci : la délinquance ordinaire est-elle soluble dans le terrorisme ? Sur ce point, les experts plus ou moins autoproclamés se déchirent depuis cinq ans autour de concepts fumeux, tels que le «gangsterrorisme». Si la porosité entre l'islamisme et toute forme de trafic existe bel et bien dans certaines zones du territoire, passer de l'un à l'autre n'a pourtant rien de systématique ni d'évident.

Durant deux jours, les interrogatoires de Willy Prévost, 34 ans, et Christophe Raumel, 30 ans, ont embarqué la cour d'assises spéciale dans les codes insondables qui régissent la vie des cités, où la camaraderie et la valeur des actes s'évaluent sur d'autres échelles. Prévost et Raumel, devenus inséparables, qui s'appelaient chaque matin, fusionnels : «Allo ouais, ça dit quoi là, t'es où ?» Ensemble, ils allaient ensuite «galérer» au centre commercial, pour tuer le temps et se donner quelques trucs à raconter. Voisins de palier via leurs aînés, ils ont tissé