Menu
Libération
Pages d'histoire

C'est reparti «Comme en 40» !

Article réservé aux abonnés
A l'occasion de l'exposition «Comme en 40...» à l'Hôtel des Invalides à Paris, nous vous proposons d'analyser la débâcle de l'armée française et du tiraillement entre deux camps : celui de la Résistance et de la Collaboration.
Des civils fuyant les bombardements et l'arrivée des troupes allemandes prennent la route de l'exode, en mai 1940, durant la Seconde Guerre mondiale. (Photo AFP)
publié le 7 octobre 2020 à 18h21
Quelques commentateurs se sont risqués à la comparaison. En mars 2020, les Français se seraient carapatés à la campagne, en famille ou dans leur résidence secondaire, pour échapper au Covid-19. Comme en juin 1940, 8 millions d’entre eux prirent les routes de l’exode pour fuir l’avancée des troupes allemandes, les colonnes de panzers et les sirènes stridentes des stukas qui harcelaient ces cohortes apeurées au souvenir des exactions allemandes en 1870 et 1914. Il y a quatre-vingts ans, en moins d’un semestre, la France s’effondrait et cinq jours suffirent à sceller son destin avec la signature de l’armistice, le 22 juin 1940.

Une débâcle non seulement militaire, mais aussi morale et politique. «Nous venons de subir une incroyable défaite», écrivait alors, sidéré, Marc Bloch dans son livre l'Etrange Défaite écrit au cœur des événements.

L'année 2020 est celle d'une triple commémoration, de cette défaite, de l'appel du 18 juin et du cinquantième anniversaire de la mort du général De Gaulle, fondateur de la Ve République.

Le train de retard de l'armée française

Pour mieux comprendre comment la France a pu s'effondrer comme une maison en mal de fondation, les deux tomes monumentaux des Français de l'an 40 de Jean-Louis Crémieux-Brilhac racontent avec méticulosité les débats d'une France taraudée par le souvenir de la Grande Guerre qui conduira certaines figures socialistes, comme celle de Marcel Déat, à s'engager dans la voie de la Collaboration par choix d'un pacifisme intégral. Mais aussi comment des intellectuels et écrivains succomberont à la fascination exercée par le fascisme. Deux camps qui se retrouveront pour réclamer la paix.

Dans le second tome, Ouvriers et soldats, cet historien, haut fonctionnaire, fondateur de la documentation française, engagé dans les Forces françaises libres (FFL) en 1941 et nommé en 1942, secrétaire du Comité exécutif de propagande et chef du service de diffusion clandestine de la Franc