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enquête

Stérilet défectueux : l’ennemi de l’intérieur

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Grossesses non désirées, saignements, douleurs… Entre 2014 et 2019, près de 100 000 dispositifs intra-utérins potentiellement dangereux ont été vendus et posés. Même si l’Agence du médicament a décidé de retirer le produit, les victimes n’ont la plupart du temps même pas été prévenues des risques.
Un stérilet est prévu pour tenir cinq ans dans le corps d’une femme. (Photo Nolwenn Brod. Vu pour Libération)
par Philippine Kauffmann et Ève Guyot
publié le 12 octobre 2020 à 19h11

[CORRECTION] Le nombre de stérilets défectueux mentionné dans le sous-titre de l'article est bien de 100 000, contrairement à ce qu'indiquait une précédente version.

Marina (1) et son mari voulaient trois enfants. Leur deuxième est né avec un handicap et leur demande beaucoup d’attention. Alors, après un long temps de réflexion, et non sans regrets, le couple a renoncé à son projet. Marina s’est fait poser un stérilet au cuivre (2) de la marque Novaplus à la fin de l’année 2016. Trois ans plus tard, cette femme de 43 ans se rend compte qu’elle est enceinte. Son stérilet a disparu.

Ce dispositif intra-utérin (DIU) a été retiré du marché par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) parce qu'il était défectueux le 18 novembre 2019, comme celui de la marque Ancora. C'était un mois avant sa grossesse. Comme celui de Marina, les stérilets concernés ont tous été distribués et posés entre 2014 et 2019, période pendant laquelle près de 100 000 unités ont été vendues en France. L'agence a confié à Libération avoir déjà comptabilisé, au mois de juillet, 457 signalements pour des incidents liés à ces dispositifs…

«Drame»

Dix victimes ont accepté de témoigner pour Libération. Parmi elles, deux femmes sont tombées enceintes, une autre a subi une lourde opération et souffre toujours des conséquences. Certaines ont expulsé leur stérilet sans s'en rendre compte, d'autres l'ont retrouvé cassé dans leurs mains après avoir surmonté de fortes douleurs, ou dans celles de leur gy