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Libération
Décryptage

Couvre-feu : un coup de pouce pour les précaires, mais pas pour les jeunes

Contrairement à ce qu’a indiqué le chef de l’Etat lors de son intervention télévisée, les moins de 25 ans en difficulté, à l’exception de ceux qui ont des enfants, n’auront droit à aucune aide.
A Bordeaux le 5 septembre. (PHILIPPE LOPEZ/Photo Philippe Lopez. AFP)
publié le 16 octobre 2020 à 12h50

Il n'y aura pas d'ouverture du RSA aux jeunes de moins de 25 ans ne bénéficiant d'aucun soutien familial et dans le dénuement, ni même un coup de pouce ponctuel à leur profit pendant le couvre-feu, contrairement à ce qu'a laissé entendre le président de la République mercredi soir, lors de son entretien télévisé. «En l'état, ces jeunes ne sont éligibles à rien», se désole Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. Ce dernier «espère que le Premier ministre, Jean Castex, va rectifier le tir», lors des annonces qu'il doit faire à l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère samedi. Et que les jeunes en difficulté obtiennent quelque chose au même titre que les autres personnes ou familles précaires.

En l’état, une grande confusion règne sur les réels bénéficiaires du coup de pouce en faveur des ménages pauvres évoqué par le chef de l’Etat mercredi. Et pour cause : lui-même a été pour le moins imprécis ou confus sur les ayants droit.

Pourquoi en l’état les jeunes sont exclus du coup de pouce annoncé par Emmanuel Macron ?

Lors de son entretien télévisé, le président de la République, a pourtant clairement clamé le contraire. Les jeunes précaires auraient quelque chose : «Pour les bénéficiaires du RSA et des APL, ce qui touche du coup tous les jeunes, très largement les 18-25 ans, [il y aura] une aide exceptionnelle, pendant ces six semaines qui viennent, de 150 euros plus 100 euros par enfant, la même chose que ce qu'on a fait, justement, au printemps», a-t-il dit. Il a même précisé : «Ce qui permettra [pour les bénéficiaires] d'aller entre 100 et 450 euros, ce qui est plus qu'une revalorisation» du RSA.

Mais, dans les associations de lutte contre les exclusions, on a vite compris que quelque chose clochait dans ce propos. En effet, les jeunes ne peuvent pas prétendre au coup de pouce dédié aux bénéficiaires du RSA, puisque les moins de 25 ans n’ont pas droit à ce minimum social. Et les jeunes qui touchent l’APL ne peuvent pas davantage prétendre à l’aide de 100 euros, sauf s’ils ont des enfants, ce qui est rare quand on a moins de 25 ans. Donc zéro + zéro = zéro aide.

Qui va toucher quoi exactement dans le cadre des mesures annoncées mercredi soir ?

Le chef de l’Etat a été confus sur les jeunes mais aussi sur les moins jeunes. Dans son propos, il a laissé entendre que les bénéficiaires du RSA comme ceux de l’APL toucheraient 150 euros plus 100 euros par enfant à charge. Mais il n’en est rien.

En réalité, les ménages allocataires du RSA (qui généralement perçoivent aussi l’APL – sauf s’ils sont propriétaires de leur logement ce qui est rare) toucheront bien 150 euros plus 100 euros par enfant à charge. Donc effectivement jusqu’à 450 euros (évoqués par le chef de l’Etat) pour une famille avec trois enfants par exemple.

En revanche, il n’en va pas de même pour les allocataires de l’APL qui ne touchent pas le RSA. Eux sont exclus de l’aide de 150 euros. Le seul coup de pouce dont ils bénéficieront, c’est 100 euros par enfant à charge. Donc 200 euros pour une famille qui a deux enfants. Mais ce sera zéro pour les ménages APL sans enfants.