Sur l'écran de la salle d'audience, la jeune femme aux longs cheveux bruns, vêtue d'un haut rose à rayures blanches, apparaît, seule, dans un bureau sans âme d'une maison d'arrêt d'Ile-de-France. Sonia M., 31 ans, n'est pas n'importe quel témoin : elle a récemment révélé à la justice l'identité d'un possible commanditaire de l'attentat de l'Hyper Cacher, perpétré par Amedy Coulibaly, comme l'a révélé Libération. Chacun guettait donc l'apparition au procès de cette revenante de Syrie, en France depuis janvier et qui, plus de six ans après les faits, pourrait aider à identifier le cerveau de l'opération. D'une voix douce, presque enfantine, Sonia M., réitère immédiatement ses confessions de juillet : «J'ai été mariée à Abdelnasser Benyoucef qui a été le commanditaire de l'Hyper Cacher.» Elle précise : «Le 30 mars 2016, il a reçu une balle dans la jambe. Il est mort des suites de ses blessures.»
«Me taire»
L'Algérien, abrité derrière la kunya (surnom arabe) «Abou Moutana», est bien connu des services : c'est un haut cadre de l'Etat islamique (EI) qui a joué un rôle important dans la planification des opérations extérieures. S'il ne confiait rien de ses activités à son épouse, une fois seulement, dans un mouvement de colère après «un problème avec ses supérieurs», il livrera quelques bribes. «Il m'a dit qu'il s'était occupé d'organiser l'attentat de l'Hyper Cacher, celui de Sid-Ahmed Ghlam [dont le p