Laure court. Une pelle dans la main, elle traverse la gare de Nice, s’engouffre dans le souterrain et rejoint la voie G. Il est 7 h 30, elle n’a pas raté le «train des Merveilles». Dans une heure, elle sera dans la Roya, la vallée dévastée par la tempête Alex le 2 octobre. Elle dégagera la boue de la route, nettoiera des maisons, prononcera des mots réconfortants. «Y aller en voiture, ça aurait été compliqué vu le nombre de ponts qui se sont effondrés, relate la bénévole de 37 ans. Le train, c’était la meilleure des options.»
La pelle de Laure a fini dans le porte-bagages, celle de Laurent est posée contre la fenêtre. Ce randonneur qui ne possède pas de voiture a l'habitude de grimper dans ces wagons bleus pour aller encore plus loin que Breil, jusqu'à Tende et Cuneo. «Aujourd'hui, avec la catastrophe, cette ligne est devenue vitale, dit-il. C'est le seul moyen de désenclaver la zone et ramener des ressources aux habitants.» Depuis le passage de la tempête, les routes et les ponts ayant été emportés par la force de l'eau, les villages de la vallée de la Roya se sont retrouvés coupés du monde, et risquent de le rester pour au moins de longs mois. C'est donc grâce au rail qu'ont transité les bénévoles, 2 chargements de 3 000 bouteilles d'eau et un «TER cargo» rempli de marchandises.
Tunnels, roches et neiges
Avant la catastrophe naturelle, cette ligne Nice-Breil-Tende-Cuneo-Vintimille était menacée. Des citoyens se sont battus depui