Ils semblent loin les premiers jours d'audience, ces moments teintés d'une solennité historique, marqués par le poids des morts et les silences glaçants surgissant entre les témoignages des rescapés des attentats. Ils semblent décidément bien loin quand se lève le principal accusé, Ali Riza Polat, poursuivi pour complicité de crimes terroristes. Le Franco-Turc de 35 ans, au crâne dégarni et à la silhouette bedonnante – qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité – n'est que dénégations et gesticulations, une cocotte-minute de mots qui s'échappent dans tous les sens. De tout son corps tendu vers le cour, il hurle : «Je veux pas aller en taule pour ca! Je veux y aller pour ce que j'ai fait, pas pour ce que j'ai pas fait.» Le voyou multirécidiviste est soupçonné d'avoir aidé les terroristes à se procurer des armes, il «apparaît à tous les stades de la préparation des actions terroristes», avaient souligné les juges instruction. «Bras droit» d'Amedy Coulibaly, dit le dossier. «Bouc émissaire», éructe l'intéressé, tonitruant.
Le royaume de Polat, c'est celui des «magouilles». Pendant longtemps, il a trafiqué à peu près tout ce qui se présentait, avec un certain talent selon ses dires