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Récit

Attentats de janvier 2015 : brouillard dans le prétoire

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Attentats de «Charlie Hebdo» et de l’Hyper Cacher : un procès hors normedossier
Complexes voire chaotiques, les interrogatoires des onze hommes soupçonnés d’être mêlés à la fourniture des armes des tueries touchaient à leur fin mercredi. Retour sur les parcours des accusés.
Dans la salle d’audience de la cour d’assises spéciale de Paris, le 27 août. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 28 octobre 2020 à 20h16

Ils sont onze, une brochette composée de gros voyous et de petits malfrats, d'ambulancier, de gérants de garage, chômeurs, joueurs compulsifs… âgés de 30 à 68 ans, qui pour certains ne se connaissaient pas avant l'ouverture de l'audience en septembre et se retrouvent les uns à côté des autres, dans deux box de verre. Les accusés du procès des attentats de janvier 2015 ont ceci en commun : ils ploient sous le poids du dossier, sous une qualification «terroriste» qu'ils essaient frénétiquement de repousser. Face à eux, les magistrats de la cour d'assises spécialement composée s'évertuent à comprendre : quel rôle ont-ils joué dans la fourniture des armes utilisées pour les tueries de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher ? Que savaient-ils des projets mortifères des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly ?

Les premières semaines d'audience avaient plongé la cour au cœur des attaques, dans l'effroi et le silence. Celles qui ont suivi ont été techniques, chaotiques, parfois tragi-comiques tant ces onze vies de marlous ont pu sembler en dissonance avec la solennité d'un procès historique, tant il a fallu se perdre dans les arcanes de leurs trafics pour y chercher une impossible vérité. Les accusés ont changé de versions, menti, se sont chargés les uns les autres. «Des sables mouvants, dira le premier assesseur, chacun se tient par la barbichette, essaie de sauver ses intérêts.» Tant et si bien que l'audience a parfois viré à la cacophonie.

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