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Libération
Reportage

Attaque à Nice : silences et engueulades pour la veillée devant l'église Notre-Dame

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Terrorisme, pandémie, racisme... Toutes les violences actuelles semblaient réunies jeudi soir en un même lieu, là où un Tunisien a assassiné trois personnes dans la matinée. La population a alterné recueillement et empoignades, à quelques heures du reconfinement.
Des bougies ont été allumées par la foule devant l'église Sainte-Marie, le 29 octobre à Nice. (Photo Arié Botbol. Hans Lucas pour Libération)
publié le 30 octobre 2020 à 7h59
(mis à jour le 30 octobre 2020 à 8h05)

Ce n'est pas un hommage funéraire mais une étrange agora secouée de mille colères. Un homme hurle : «Il faut tous les renvoyer chez eux !» Une voix répond : «L'islam, c'est pas l'islamisme. Taisez-vous !» Jeudi soir, en face de l'église Notre-Dame, sous le regard des caméras locales, nationales, internationales, un attroupement débat de l'immigration et de l'islam, de la religion et de la laïcité, de la ville de Nice et de politique. Deux femmes se toisent à la lueur des bougies posées sur un autel improvisé, elles s'écharpent à voix feutrée. «Arrêtez de dire que ce sont les musulmans !» lance la première, portant un voile à paillettes. Les flammes vacillent et les flashes crépitent. «Les caricatures, ça peut déplaire, mais on doit l'accepter, parce que c'est la liberté», rétorque son interlocutrice. «Non. Pas sur un Prophète. C'est grave parce que c'est un messager de Dieu.» Martine, comédienne à la retraite de 57 ans, préfère ne pas répondre. Elle s'éloigne en pensant à sa mère «militante socialiste» qui l'a éduquée «dans cette utopie d'un monde meilleur», à ses années de combat à la Licra, à son quartier qu'elle aime tant et désormais meurtri.

La basilique Notre-Dame de l'Assomption - qui trône avenue Jean-Médecin, la cousine niçoise des Champs-Elysées - est devenue scène de crime.