Durant le reconfinement, les livraisons de burgers et de sushis continuent. Les restaurants n'ont certes plus le droit d'accueillir de clients, mais ils peuvent toujours leur expédier de la nourriture à dos de coursier. Le président de la République l'a lui-même rappelé mercredi soir dans son allocution télévisée, en invitant les Français à soutenir «les entreprises qui, proches de chez vous, ont innové à travers des commandes à distance, la vente à emporter ou la livraison à domicile». A croire que les produits arrivent chez soi comme par magie, Emmanuel Macron ne s'est pas attardé sur les personnes qui font tourner tout ce système. Or, on les connaît : à vélo, à trottinette ou à scooter, les livreurs de Deliveroo ou Uber Eats forment le corps des précaires parmi les précaires, des «premiers de corvée» comptant de nombreux sans-papiers dans leurs rangs, dont les efforts fournis depuis le premier confinement n'ont fait l'objet d'aucune reconnaissance.
Dans quel état d'esprit abordent-ils ce reconfinement ? «Avec colère», répond sans hésiter Edouard Bernasse, l'un des membres du Collectif des livreurs autonomes de Paris (Clap), en pointant «des conditions de travail [qui] se sont dégradées de manière exponentielle» ces dernières années, avec une rémunération tombée à 2,75 euros la livraison sur Deliveroo. Et qui devient de plus