Haute sécurité, bas instincts et profonde tristesse pour la messe spéciale, dimanche soir à Nice, une cérémonie dite «de réparation», après la mort de trois paroissiens tués au couteau jeudi matin par un Tunisien de 21 ans à l'intérieur de la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption. Des fidèles par dizaines tentent de s'approcher du parvis, nouveau pouls de la ville. La foule gronde sans trop élever la voix : «On marche sur la tête. On va finir par devenir racistes.» «Faut-il être tunisien pour entrer ?» «Vous allez prier et on vous égorge…» La plupart sont âgés, peu endimanchés, venus simplement. «Catholique mais surtout niçois», décrit un homme. Huguette, une paroissienne au brushing irréprochable, insiste : «Toutes les paroles ont été dites, maintenant c'est le temps du silence et de la vraie tristesse. Il faut maîtriser sa peur et continuer.» Au loin, la place de l'église est couverte de policiers.
Durant le week-end de la Toussaint, le parvis qui se dresse avenue Jean-Médecin, entre le quartier de la gare et la promenade des Anglais, aura été un espace d'hommages à la physionomie mouvante, incarnant à la fois une histoire sanglante et un territoire que l'on se dispute : parvis médiatique, parvis politique, parvis commémoratif… Il résiste au traditionnel label post-attentat - «Nice, ville meurtrie» - pour se muer en forum funéraire où l'on s'interroge sur ce qui nous unit, nous traverse ou nous sépare. Samedi matin, c'