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économie

Deux mois avant Noël, les vendeurs de jouets s'organisent pour poursuivre leur activité

Alors que les commerces dits «non essentiels» doivent tirer le rideau en raison de la pandémie de Covid-19, les professionnels tentent de faire face. En cette fin d'année, maintenir du lien avec la clientèle est vital.
Dans les rues de Paris, en décembre 2019. (AURORE MESENGE/Photo Aurore Mesenge. AFP)
publié le 1er novembre 2020 à 10h48

«Cette fermeture est vraiment embêtante. Nous avons déjà essuyé un premier confinement et là on va en subir un deuxième, qui plus est au moment de Noël.» Propriétaire de l'Arbre enchanté, un magasin de jouets à Paris, Marie Boudier peine à cacher son inquiétude. Depuis jeudi soir, les commerces dits «non essentiels» ne peuvent plus accueillir de clients en boutique, de manière à endiguer les contaminations galopantes au Covid-19. Pour tenter de survivre, beaucoup de commerçants s'organisent avec les moyens du bord… mais sans grand espoir.

«Un coup de massue»

«Les mois de novembre et décembre représentent 30% de notre chiffre d'affaires annuels», justifie Marie Boudier. Un chiffre encore plus important si l'on en croit le Conseil du commerce de France. Interrogé par Libération, son président, William Koeberlé, l'évalue à plus de 60%. Si, lors du premier confinement, les effets de trésorerie et les aides de l'Etat ont permis à la plupart des commerces de maintenir la tête hors de l'eau, le président craint que beaucoup n'en supportent pas un deuxième : «C'est un coup de massue qui aura des répercussions économiques très graves.»

Qui plus est, la distinction entre commerce «essentiel» et «non essentiel» n'a, selon lui, aucun sens : «Quelle est la différence entre un rayonnage où il y a de l'alimentaire et un rayonnage où il y a des jouets ? Pendant le confinement, les magasins alimentaires sont restés ouverts et on est arrivé à des niveaux de contamination acceptables. Pourquoi ça ne serait pas le cas pour des magasins qui doivent rester fermés aujourd'hui ?»

Mettre en place de la vente à distance

Même si elle reconnaît avoir des clients «fidèles et habitués», Marie Boudier craint la concurrence des grandes enseignes : «Lors du premier confinement, je n'ai pas pu fournir certains clients qui ont dû commander sur Internet, sur Amazon par exemple.» Au printemps, elle avait stoppé ses activités, mais pour ce second confinement, la commerçante n'a pas le choix : il va falloir continuer de vendre et espérer rattraper les quelque 15 0000 euros perdus rien qu'en avril. «J'ai mis en place un site internet pour exposer et vendre mes produits en ligne, à venir chercher ensuite en boutique. Normalement, tout est prêt et j'espère qu'il pourra être fonctionnel dès lundi.» Une petite pancarte indiquera très prochainement aux clients la création de son site. «Je compte sur mes clients qui passeront le matin devant la boutique pour le voir.»

De son côté, Léopold Fruchart, gérant du Bonhomme de bois à Lille, s'organise comme il peut pour «maintenir sa présence en boutique». Drive, vente en ligne ou par correspondance : tous les moyens sont bons pour continuer d'écouler les jouets. Même si le Bonhomme de bois est fermé à la clientèle, Léopold et ses deux collaboratrices continuent de s'affairer en magasin : «Les clients nous appellent, payent les produits par carte bancaire à distance puis viennent les chercher. On dépose les paquets devant la boutique, le client ne rentre pas et on n'a aucun contact avec lui.» Néanmoins, le commerçant regrette la perte de lien humain, qu'il juge «irremplaçable».

Un palliatif qui ne suffit pas

«Internet a permis de conserver le lien avec la clientèle, certes, mais une entreprise ne peut pas juste vivre de vente en ligne et de call and collect», appuie William Koeberlé. Le conseil et la Fédération du e-commerce et de la vente en ligne (Fevad) jugent qu'environ 38% des achats de jouets se font par Internet, grosses enseignes comprises.

Ce chiffre n’a que faiblement augmenté avec le confinement. Une étude réalisée en août par la Fevad et Médiamétrie estime que la vente de jouets en ligne n’a augmenté que de 20% avec le confinement, un chiffre loin derrière l’alimentaire dont les ventes ont augmenté de plus de 50% ou encore l’habillement (+44%). Reste à espérer que la période des fêtes change (un peu) la donne.