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Libération
Éditorial

Première ligne

publié le 1er novembre 2020 à 19h56

Professeur d'histoire-géographie, Samuel Paty est mort pour avoir enseigné la liberté d'expression. Mort pour avoir expliqué à ses élèves l'importance de ce droit fondamental. Mort pour avoir contribué à élever de jeunes esprits en formation au rang de citoyens éclairés. Mort pour avoir voulu, comme les mots de Jaurès viendront en ce jour de rentrée le rappeler avant la minute de silence honorant sa mémoire, leur apprendre ce qu'est une «démocratie libre». Une liberté menacée ? Selon le sondage réalisé par Viavoice après l'attentat islamiste de Conflans-Sainte-Honorine et publié en exclusivité par Libération, huit Français sur dix déplorent les incidents liés à la laïcité et estiment surtout que la liberté d'enseigner est «menacée». Si la réponse de l'exécutif aux attaques terroristes s'est voulue forte et déterminée, les enseignants demandent eux que le soutien et l'accompagnement de l'institution soient tout aussi fermes et résolus. Le besoin de formation sur les sujets de la laïcité, du blasphème ou de la liberté d'expression est ainsi exprimé de façon récurrente, tant en formation initiale qu'au cours de leur carrière. Malheureusement, la solennité de cette rentrée sera brouillée par des conditions sanitaires très particulières. Alors que les doutes quant à la contagiosité des enfants sont loin d'être levés, les établissements scolaires sont restés ouverts pour éviter d'ajouter à la crise du Covid des conséquences sociales (retard scolaire, décrochage, violences familiales…). Et pour permettre aux parents de continuer à travailler. Les protocoles de précaution, dénoncés par certains comme une «illusion», suffiront-ils à écarter la crainte de voir les écoles se transformer en clusters géants ? Entre devoir de mémoire et situation sanitaire, les enseignants seront en cette rentrée plus que jamais en première ligne.