Au fil des années, les tours du quartier d’affaires de la Défense ont fini par dessiner un paysage. Dans le même temps, deux des quatre immeubles des Damiers, avec leurs balcons donnant sur la Seine, ont achevé de se dégrader. Ils appartiennent à la société HLM RATP-Habitat. Seuls deux locataires habitent encore là. Ce n’est pas une procédure publique qui a chassé les autres, juste une affaire privée montée en 2010 pour construire deux tours de 323 mètres à 3 kilomètres des portes de Paris. Le deal a été conclu entre Hermitage, la société d’un promoteur russe Emin Iskenderov, et l’Epad, établissement public national d’aménagement de la Défense. Avec le soutien de Vladimir Poutine et de Nicolas Sarkozy.
Le bailleur social de la RATP, alors Logis-Transport, a-t-il été un pion pris dans un jeu qui le dépassait ? Il a cru réaliser une transaction maline lui permettant de bâtir 1 000 logements neufs avec la vente de 250 vieux, cédés au prix fort. Treize ans plus tard, pas un coup de pioche. Le bailleur a délogé plus de 200 locataires. Il n’a pas touché un euro de la vente. Pas une banque, pas un investisseur, n’a suivi Emin Iskenderov pour construire ses tours. Le gâchis est parfait.
«On est en face de professionnels»
Les derniers habitants vivent au Damier «Anjou». Tatiana Dinulescu, médecin anesthésiste et son mari, Radu, gynécologue obstétricien, ont fui la Roumanie de Ceausescu et repassé tous leurs diplômes. Côté endurance, ils ont de l'entraînement. Dans son salon, Tatiana a convié l'autre dernier locataire, W