Dans la cour d’honneur des Invalides, un hommage national sera rendu ce jeudi après-midi à Daniel Cordier, un des deux derniers compagnons de la Libération sur les 1 038 que comptait l’ordre, et mort le 20 novembre. Selon la volonté du général de Gaulle, ce dernier sera inhumé au mont Valérien. Hubert Germain, également centenaire, est désormais l’ultime combattant à arborer la médaille à croix de Lorraine.
Cette cérémonie constitue, pour la République laïque, une sorte de rite de passage destiné à accompagner hommes et femmes ayant eu «un destin exceptionnel», une conduite d'exception au service de la Nation vers leur dernière demeure. La décision de leur rendre un hommage national ne dépend que du seul président de la République par décret publié au Journal officiel. Elle naît sous la Révolution française. A ces «grands hommes, la patrie reconnaissante» leur réserve le Panthéon comme il est inscrit à son fronton. Le premier à y avoir fait son entrée était Mirabeau. Mais les soubresauts de la Révolution feront qu'il n'y restera pas très longtemps. Ce n'est qu'en 1885, avec les funérailles de Victor Hugo, que la République a décidé d'honorer ainsi ses figures.
La cour d'honneur des Invalides sert de cadre aux cérémonies pour les militaires «morts au service de la France dans l'accomplissement de leur mission» mais également aux plus hauts officiers de la légion d'honneur ou aux personnalités exceptionnelles. Cette élévation symbolique comme écrin aux hommages date du 15 décembre 1840 lors du transfert des cendres de Napoléon aux Invalides. Une institution créée sous Louis XIV afin de permettre aux vieux soldats d'y finir leur vie dignement.
Jusqu’en 2015, les hommages nationaux pour les civils étaient donc exceptionnels. Mais depuis 2015 et la multiplication des attentats islamistes en France, la notion de «morts pour la France» a été étendue aux victimes du terrorisme.
Mais la décision du président de la République de rendre un hommage national à telle ou telle personnalité est également éminemment politique. Elle traduit le sens et les valeurs qu’il entend donner à son mandat, les exemples dont il s’inspire.
Jacques Chirac avait décidé de rendre un hommage national au commandant Cousteau et à Jacques Chaban-Delmas ; Nicolas Sarkozy à Philippe Séguin et à Pierre Schoendoerffer seulement. Sous la présidence de François Hollande, elle va de Stéphane Hessel à Michel Rocard, en passant par Pierre Mauroy, Dominique Baudis, Charles Pasqua et bien sûr les victimes des attentats du 13 novembre 2015. Avec sept hommages nationaux, Emmanuel Macron rivalise avec son prédécesseur. Il aura prononcé les éloges funèbres de Simone Veil, de Jean d’Ormesson, Claude Lanzmann, Charles Aznavour, Jean Daniel, Samuel Paty et aujourd’hui celui de Daniel Cordier alias caracalla