Dans la nuit du 29 au 30 octobre 2012, Jallal Hami, 24 ans, diplômé de Sciences-Po, élève brillant de l’école militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, dans le Morbihan, est mort noyé, avec des rangers aux pieds, un treillis sur le dos et un casque sur la tête pesant à lui seul plus d’1 kilo. Englouti dans les eaux noires et glacées d’un étang du camp militaire qu’il tentait de traverser dans le cadre d’une activité dite de «transmission des traditions», ou «bahutage», selon le terme consacré par Saint-Cyr. Un étang large d’une quarantaine de mètres, profond et dont l’eau ne dépassait pas 9 °C.
Au regard du règlement de l'école, jamais ce jeune homme d'origine algérienne n'aurait dû se trouver en pareille situation, au milieu de dizaines de camarades pris de panique et s'agrippant les uns aux autres pour sauver leur peau. Mais cette nuit-là, «sombre et humide», environ 160 élèves officiers de première année, les «bazars» dans le jargon saint-cyrien, se sont retrouvés sous la férule d'une trentaine d'élèves de seconde année, livrés à eux-mêmes. Et censés mimer, sous les projecteurs et les envolées lyriques de la Walkyrie de Wagner, le débarquement des troupes françaises en Provence en 1944.
Huit ans plus tard, cinq anciens élèves officie