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reportage

Au CHU de Poitiers, la difficile prise en charge du stress des patients Covid

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Le service réanimation de l'hôpital de Poitiers fait face à une vague tardive de malades. Les soignants constatent que les patients sont beaucoup plus angoissés, marqués par les images vues à la télé des malades intubés au printemps.
(franck tomps/Photo Franck Tomps pour Libération )
publié le 29 novembre 2020 à 12h24

Ce dernier mercredi de novembre, 20 lits sur 27 sont encore occupés dans les deux unités de réanimation Covid-19 du CHU de Poitiers. Le service est calme, presque silencieux. Dans les box, photos et dessins, parfois envoyés par mail et imprimés par l’équipe, entourent des malades intubés. Une femme d’une soixantaine d’années est consciente depuis peu de temps, elle plaisante des souvenirs embrumés qu’elle garde de sa période sous sédation. Elle tient dans sa main droite une photo ; infime lien avec ses proches à l’extérieur. Pour elle comme pour les autres malades Covid-19 du service, pas de visite possible. Bientôt, elle pourra voir sa famille grâce à l’une des tablettes mises à disposition des patients stabilisés afin de rompre leur isolement.

«Grand besoin d’être rassurés»

Le personnel soignant du service réanimation a pu s'aguerrir à la prise en charge des malades au printemps, lorsque la faible pression locale de l'épidémie a permis l'accueil de trente patients venus de Grand Est et d'Ile-de-France. De l'aveu de l'équipe, la plus grande difficulté aujourd'hui est moins technique qu'humaine. Elle réside dans la capacité à rassurer des malades seuls et angoissés. «Nous n'étions pas préparés à leurs peurs. Cette angoisse des malades est ce qui est le plus dur à prendre en charge», estime Anne-Sophie Masset, infirmière en réanimation.

«C'est nouveau pour nous car les patients arrivés lors de la première vague étaient déjà inconscients. Sur celle-ci, beaucoup de malades s