«Allô madame C. ? Bonjour, madame Godineau de la mairie à l’appareil. Comment allez-vous madame C. ? […] Ah ! Qu’est-ce qui va mal ?» Installée à la table de son salon impeccable de retraitée, Marie-Françoise Godineau – 75 ans, deux enfants et un mari occupé à repeindre les volets au sous-sol – est chargée, avec une poignée d’autres bénévoles, d’appeler les habitants de plus de 70 ans de sa commune pendant le confinement. A l’autre bout du fil, une dame (plus) âgée se plaint : «Ça commence à devenir long tout ça. On ne sort plus…»
Lors du premier confinement, le Centre communal d'action sociale (CCAS) de Mozé-sur-Louet – commune de 2 000 habitants située le long de la route nationale reliant Angers à Cholet – a mis en place «un listing», comme le dit sa vice-présidente, également adjointe au maire en charge de l'action sociale. Des initiatives similaires sont nées un peu partout en France lors du premier confinement. L'idée ? S'assurer que les plus âgés n'aient besoin de rien. Ou même simplement qu'ils soient vivants. Car Marie-Françoise Godineau n'a qu'une frayeur.
Photo Théophile Trossat pour Libération
Comme on conjure un mauvais rêve, la dynamique retraitée en chaussons pose son combiné et raconte une histoire qui remonte à quelques années : «On avait un monsieur, la soixantaine, qui n'avait plus de ressources, rien à manger, pas du tout sociabilisé. Petit à petit, on a réussi à se faire acc