C'est le grand paradoxe de la crise : alors que la France traverse sa pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale, les faillites n'y ont jamais été aussi peu nombreuses depuis début 2020. A la fin du premier semestre, on en dénombrait 15 000, contre 27 000 en moyenne à cette période de l'année. Un «étrange calme plat avant la tempête», disait alors un président de tribunal de commerce, calme que certains avaient d'abord attribué au moratoire sur les procédures pour faillites décrété au début du confinement et qui expirait le 23 août. Les «contentieux non essentiels» ayant été gelés, les entreprises en difficulté n'étaient plus tenues de se déclarer en défaillance. Mais à partir de la fin de l'été, elles avaient à nouveau quarante-cinq jours pour se déclarer en cessation de paiements et on s'attendait donc à un afflux de procédures début octobre. Depuis, c'est toujours RAS sur le front des faillites.
A la fin septembre, ces défaillances étaient en recul de 30,5 % par rapport à 2019, tous secteurs et tailles confondus et «sans que cela puisse être analysé d'un point de vue économique», juge la Banque de France. Fin novembre, le décalage s'est encore accentué, à -37 % (7 465 procédures ouvertes, dont les trois quarts sous forme de liquidation judiciaire), selon les dernières données recueillies par les greffiers des tribunaux de commerce. Bercy s'attend désormais à finir l'année autour de 30 000 faillites, soit une baisse d'environ 40 % par rapport aux 52