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Transports

Métro de Paris : la ligne 14 trouve le Nord

Le Premier ministre, Jean Castex, a inauguré ce lundi la prolongation de la ligne automatique jusqu'à la station Mairie de Saint-Ouen. Une réalisation qui arrive avec trois ans de retard sur le calendrier initial.
Castex dans le métro, lundi. (ALAIN JOCARD/Photo Alain Jocard. AFP)
publié le 14 décembre 2020 à 17h18

Ce lundi matin, sur RTL, Alba Ventura recevait Catherine Guillouard, présidente de la RATP, à l'occasion de l'inauguration du prolongement au nord de Paris de la ligne 14 jusqu'à la mairie de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. La première question est plutôt une exclamation : «Vous avez achevé le chantier dans les temps et c'est une performance !» La présidente la joue modeste : «Oui, et je voudrais saluer toutes les équipes parce que c'est un défi humain et technologique que nous réalisons tous les jours depuis plusieurs années sur ce projet.»

En fait, certaines années ont été plus difficiles que d'autres. L'inauguration aurait dû avoir lieu en 2017 «mais par rapport au calendrier recalé, c'est sûr, ils sont à l'heure», ironise un ancien de la maison avec plusieurs grands chantiers dans le CV. Mais le 27 juin 2016, les eaux souterraines envahissaient le chantier de la station Porte-de-Clichy mené par Eiffage, noyant les installations et provoquant l'affaissement de terrains voisins. Contrairement aux trois autres nouveaux arrêts, cet arrêt n'ouvrira qu'en janvier.

Dans le schéma global du métro du Grand Paris, le prolongement de la ligne 14, au Nord mais aussi au Sud jusqu'à l'aéroport d'Orly, est une épine dorsale. Elle doit soulager la ligne 13, la pire du réseau, surchargée et dysfonctionnelle. Mais elle doit également se brancher sur la rocade de la ligne 15, celle qui va relier les banlieues entre elles.

«Bonne nouvelle» et «goût amer»

Du coup, même si la 14 n’est pas l’une des nouvelles lignes du Grand Paris Express, le coût de 1,38 milliard d’euros de son prolongement a quand même été financé à hauteur de 59% par la Société du Grand Paris. La RATP a tenu la truelle mais la SGP a sorti son chéquier. La ville de Paris aussi, pour 23% de la facture, ainsi que les deux départements des Hauts-de-Seine et de Seine-Saint-Denis à hauteur de 3% chacun. Autorité organisatrice des transports, la région Ile-de-France finance l’achat du matériel roulant mais sa participation globale n’atteint que 13%.

«Cette inauguration est une bonne nouvelle mais elle nous laisse un goût amer par rapport au retard de ce projet et de tous les autres, dit Stéphane Troussel, président (PS) du conseil général de Seine-Saint-Denis. Il y a quelques années, le département a profité d'une vraie dynamique de rattrapage. Mais il y a encore des trous dans la raquette.» Toutefois, ajoute-t-il, «merci la SGP».

Avec son mode de financement fondé sur de l’emprunt à long terme, la SGP échappe à l’annualité budgétaire et d’une certaine façon, à la mainmise de Bercy. L’ancien président de la région, le socialiste Jean-Paul Huchon, avait obtenu qu’elle finance deux milliards d’euros de modernisation du réseau actuel sur sa cagnotte. La prolongation de la 14 bénéficie de ce financement hors normes.

La ligne, dont le terminus actuel se situe gare Saint-Lazare, passe désormais à Pont-Cardinet et Porte-de-Clichy (Paris XVIIe), Clichy-Saint-Ouen et Mairie-de-Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), son terminus temporaire. Le terminus final se situera à Saint-Denis-Pleyel. La mise en service de cette dernière étape est prévue pour 2024, année des Jeux olympiques.