Comme chaque jour, le tourniquet métallique de l’entrée C du personnel de Bridgestone à Béthune (Pas-de-Calais) s’agite à l’heure du chassé-croisé entre l’équipe du matin et celle de l’après-midi. Il est 14 heures en ce lundi de mi-décembre. Une soixantaine de salariés passent, un seul s’arrête avant d’entrer. «Pour nous, c’est le flou, raconte Julien, onze ans d’ancienneté. On cogite tous les jours. La pression monte. Il y a deux semaines, on a été chercher le directeur dans son bureau. La semaine dernière, on a fait rentrer des journalistes sur le site alors que la direction ne voulait pas.»
Depuis un mois, l'intersyndicale et la direction locale de l'usine négocient les mesures financières du plan social. Après le refus de Bridgestone, qui n'a pas manqué d'argent public, de poursuivre l'activité, l'intersyndicale s'est engagée à aller chercher le maximum d'argent et d'accompagnement pour les 863 salariés dont les licenciements sont prévus début mai 2021. Trois mois après les déclarations fortes des politiques, venus défiler à l'usine quelques heures après l'annonce de la fermeture pour dire que